lundi 14 octobre 2013

Brignoles : le coup de semonce

Les commentaires qui ont suivi le 1er tour de l’élection cantonale partielle à Brignoles sont souvent restés à la surface des choses. Absence du Conseiller général sortant, division de la gauche, présence d’un candidat écologiste…. Tout ceci est vrai mais ce n’est pas l’essentiel.

Le résultat favorable au FN est un coup de semonce mais ce n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Après les législatives partielles dans l’Oise et à Villeneuve sur Lot c’est la troisième fois que l’on constate des phénomènes sensiblement équivalents par-delà les spécificités locales : l’électorat qui a porté le FN en tête de ce 1er tour ne provient pas de la gauche puisque lors des 2 élections précédentes la gauche et le FN font sensiblement le même nombre de voix (environ 2700). Or le FN cette fois-ci fait à nouveau ce score mais le candidat de gauche voit le sien divisé par 3. Même s’il faut s’interroger sur l’origine des voix du dissident FN il n’en reste pas moins que le recul de la gauche, ici comme ailleurs, est dû principalement au gonflement extraordinaire de l’abstention (65% !). C’est précisément là que se situe le problème qui doit nous interpeller : le peuple de gauche est complètement déboussolé par la politique d’un gouvernement pour lequel il a voté et qui préfère aujourd’hui plier devant la violence des riches que de répondre à la souffrance des pauvres. Plus grave, cet électorat n’est pas seulement mécontent il a perdu tout espoir de voir sa situation changer.
Le pouvoir ne lui tient qu’un seul discours : serrez-vous la ceinture encore et encore.
La seule perspective différente lui est fournie par Manuel Valls qui veut nous convaincre que le problème majeur des français c’est leur sécurité, qu’il faut donc faire la chasse aux Roms et autres délinquants. Il appelle ça, « affronter le FN », alors qu’en réalité il légitime son discours en faisant des étrangers et des jeunes les boucs émissaires de la crise.
L’autre enseignement de Brignoles c’est l’accélération de la recomposition politique à droite au profit du FN qui exerce désormais une véritable hégémonie idéologique sur l’ensemble de l’électorat de droite. C’est d’autant plus vrai que cela se passe dans une région où des leaders de l’UMP et non des moindres, Estrosi et Ciotti à Nice, Tessier et Tian à Marseille ne cessent de servir la soupe aux FN en lui délivrant un label républicain avec des arrières pensées évidentes : ils préparent pas à pas l’opinion à une alliance UMP/FN.
Que faire face à cela ? Même si c’est très difficile dans un contexte de recul des valeurs progressistes, il est impératif de refuser la résignation et de relever le défi du combat contre le couple extrême droite/droite-extrême tant au niveau des idées que sur le plan politique. Plutôt que de rêver à un hypothétique Front républicain sans contenu, il nous faut donner la priorité à une mobilisation citoyenne sur ce que doit être une politique de gauche alternative aux actuelles politiques libérales et autoritaires.
Car il ne suffit pas de dire que l’on n’est pas d’accord avec la politique gouvernementale. Encore faut-il être porteur d’une nouvelle espérance. C’est le seul moyen tout à la fois de faire reculer le Rassemblement -bleu/marine et de changer la gauche. C’est le seul moyen de retrouver l’espoir de changer la vie.

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