Les drames
survenus aux abords de Lampedusa et de Malte jettent une lumière crue sur le
comportement odieux de l’Europe et de la France, vis-à-vis des migrants et des
réfugiés.
Combien
faudra-t-il de morts pour que l’on s’interroge sur l’inhumanité d’une telle
politique. Des dispositifs attentatoires aux droits humains font un tri entre
migrants et rejettent ceux que l’on juge indésirable, venant de méditerranée, d’Afrique ou encore les Roms.
L’immense émotion soulevée par l’expulsion de la jeune Leonarda montre à quel
point ce tri sélectif est scandaleux : d’un côté il permet de piller les
cadres diplômés de pays qui en ont besoin, de l’autre il livre à la
clandestinité et à la surexploitation des populations victimes du contexte
économique ou guerrier. Il est urgent de rappeler quelques vérités à tous, de
M. le Pen à M. Valls, en passant par Copé et Fillon qui vont partout répétant
les mêmes propos qui ne reposent sur aucune réalité.
La mobilité
des êtres humains a toujours existé. Elle
a exprimé des rapports de domination et d’exploitation mais elle a aussi été
source de richesses matérielles et culturelles.
Dans un
monde où la circulation des biens, des idées et des cultures, ne peut se faire
sans la circulation des femmes et des hommes, notre ambition ne doit pas être
de se replier sur nous-mêmes mais de soustraire ces mouvements de populations,
très minoritaires, aux appétits mercantiles comme aux guerres.
La crise du
capitalisme n’est pas nationale. Elle est mondiale, aussi forte dans les pays
qui ont toujours fait appel à l’immigration (la France) comme des pays qui n’en
ont pas (la Grèce).
La
concurrence entre salariés ne se réduit pas au rapport entre nationaux et
étrangers. Elle concerne l’ensemble des travailleurs et l’exclusion des
immigrés ne diminuera pas la concurrence. Il faut donc lutter non contre les
concurrents mais contre la concurrence. La voie n’est donc pas la
stigmatisation de l’autre mais l’action solidaire de tous sur au moins trois
terrains.
1- L’égalité des droits sociaux,
culturels et institutionnels, comme le droit de vote accordé aux étrangers
vivant sur notre sol.
2- Une vision ouverte et solidaire du
vivre ensemble. L’histoire a montré que les luttes communes de l’ensemble des
travailleurs, migrants ou non, ont permis à ceux-ci de trouver leur place même
si cela n’a jamais été un long fleuve tranquille. Et cette même histoire a
montré qu’il n’y a pas d’incompatibilité insurmontable entre laïcité et respect
mutuel des cultures différentes. La crise du vivre ensemble renvoie moins à un
affrontement identitaire qu’aux conditions effroyables dans lesquelles on
enferme les catégories populaires quelques soient leurs origines ou leur
religion.
3- Un seul monde fondé, non sur la loi
de la finance mais sur la coopération et la solidarité afin de garantir le même
développement et les mêmes droits pour chacune et chacun quelques soient les
pays où ils vivent.
Réduire les
migrations et les migrants à une affaire de police est une erreur tragique qui
finira toujours, à Lampedusa, Malte ou ailleurs dans « les eaux glacées du
calcul égoïste ».
*Aragon :
le fou d’Elsa
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