jeudi 14 novembre 2013

« Ô peuple égaré qu’as-tu fais de ton frère » ? *

Les drames survenus aux abords de Lampedusa et de Malte jettent une lumière crue sur le comportement odieux de l’Europe et de la France, vis-à-vis des migrants et des réfugiés.
Combien faudra-t-il de morts pour que l’on s’interroge sur l’inhumanité d’une telle politique. Des dispositifs attentatoires aux droits humains font un tri entre migrants et rejettent ceux que l’on juge indésirable, venant  de méditerranée, d’Afrique ou encore les Roms. L’immense émotion soulevée par l’expulsion de la jeune Leonarda montre à quel point ce tri sélectif est scandaleux : d’un côté il permet de piller les cadres diplômés de pays qui en ont besoin, de l’autre il livre à la clandestinité et à la surexploitation des populations victimes du contexte économique ou guerrier. Il est urgent de rappeler quelques vérités à tous, de M. le Pen à M. Valls, en passant par Copé et Fillon qui vont partout répétant les mêmes propos qui ne reposent sur aucune réalité.
La mobilité des êtres humains a toujours  existé. Elle a exprimé des rapports de domination et d’exploitation mais elle a aussi été source de richesses matérielles et culturelles.
Dans un monde où la circulation des biens, des idées et des cultures, ne peut se faire sans la circulation des femmes et des hommes, notre ambition ne doit pas être de se replier sur nous-mêmes mais de soustraire ces mouvements de populations, très minoritaires, aux appétits mercantiles comme aux guerres.
La crise du capitalisme n’est pas nationale. Elle est mondiale, aussi forte dans les pays qui ont toujours fait appel à l’immigration (la France) comme des pays qui n’en ont pas (la Grèce).
La concurrence entre salariés ne se réduit pas au rapport entre nationaux et étrangers. Elle concerne l’ensemble des travailleurs et l’exclusion des immigrés ne diminuera pas la concurrence. Il faut donc lutter non contre les concurrents mais contre la concurrence. La voie n’est donc pas la stigmatisation de l’autre mais l’action solidaire de tous sur au moins trois terrains.
 
1-   L’égalité des droits sociaux, culturels et institutionnels, comme le droit de vote accordé aux étrangers vivant sur notre sol.
 
2-   Une vision ouverte et solidaire du vivre ensemble. L’histoire a montré que les luttes communes de l’ensemble des travailleurs, migrants ou non, ont permis à ceux-ci de trouver leur place même si cela n’a jamais été un long fleuve tranquille. Et cette même histoire a montré qu’il n’y a pas d’incompatibilité insurmontable entre laïcité et respect mutuel des cultures différentes. La crise du vivre ensemble renvoie moins à un affrontement identitaire qu’aux conditions effroyables dans lesquelles on enferme les catégories populaires quelques soient leurs origines ou leur religion.
 
3-   Un seul monde fondé, non sur la loi de la finance mais sur la coopération et la solidarité afin de garantir le même développement et les mêmes droits pour chacune et chacun quelques soient les pays où ils vivent.
Réduire les migrations et les migrants à une affaire de police est une erreur tragique qui finira toujours, à Lampedusa, Malte ou ailleurs dans « les eaux glacées du calcul égoïste ».
 
*Aragon : le fou d’Elsa
 

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