Tout est bon
au patronat pour procéder à « l’extension du domaine de la
marchandise » (Régis Debray). Dérogation après dérogation accordée par les
Préfets 1/3 des français sacrifient leur dimanche et parfois une partie de leur
nuit pour compléter des salaires notoirement insuffisants ou pour compenser
l’absence d’allocation d’études.
Aux médias
majoritairement mobilisés contre ces syndicats « archaïques » qui ne
défendent plus l’emploi et l’intérêt des salariés, je voudrais dire qu’ils se
font les porte-paroles d’une très mauvaise cause.
Qui décide
en effet de la modernité en matière de mode de vie ? Ceux qui définissent
la société comme un immense marché où des individus prétendument libres de leur
choix passeraient leur temps à sacrifier à un consumérisme uniformisé et
formaté par une publicité aliénante et un marketing uniquement soucieux de
vendre ? Qu’importe le contenu du produit pourvu qu’on ait l’ivresse de
son acquisition. Qu’importe la mal bouffe, les risques sanitaires, l’utilité de
tel ou tel objet, il faut vendre !
On nous dit
que l’emploi et le salaire sont à ce prix et que les « clients »
veulent pouvoir acheter quand, et là où ils veulent, que les employés sont
libres de travailler le dimanche ou la nuit, libres de travailler plus pour
gagner plus.
Vous avez
dit modernité ? Mais ce discours a toujours été celui des dominants. C’est en son nom que les enfants descendaient
au fond des mines, que le repos hebdomadaire était refusé, que les travailleurs
étaient exploités jusqu’à l’épuisement et la mort.
C’est à cela
que nos gouvernants, prêt à céder à cette offensive ultralibérale, voudraient
que l’on revienne ? Travailler n’importe quand, dimanche et nuit compris pour développer les
profits et non l’emploi. Car tout prouve que l’on détruit d’autres emplois,
ceux des commerces de proximité. Et quel emploi ? Celui qui fait rentrer
l’employée du Monoprix de Paris vers sa lointaine banlieue à 22 h au risque de
sa sécurité pour retrouver ses enfants qu’elle élève souvent seule ? Celui de l’étudiant qui travaille toute la
semaine pour avoir un diplôme et qui ne peut même pas se reposer où voir ses
amis en fin de semaine ? Rien ne prouve non plus que l’on améliore le
pouvoir d’achat sinon celui d’une minorité mais à quel prix !
Le dimanche
(et le samedi soir qui en fait partie) n’a rien de sacré depuis fort longtemps.
Il est un moment exceptionnel, celui qui permet, le même jour, aux membres
d’une famille, d’un réseau d’amis, de partager un temps commun, un repas, une
rencontre ou bien encore un film, une expo, un spectacle. « Dans le mot de
dimanche il reste quelque chose qui n’est pas aspiré par le rendement et la
rentabilité une aspiration à la beauté et à la gratuité » (Michel Crépu).
« Une invitation à la fraternité » (François Morel).
Fraternité :
un mot qui ne fait pas partie du vocabulaire de ceux qui ne rêvent que de faire
pencher l’équation « coût du travail/profit du capital » vers ce
dernier. Un capital dont les médias se posent rarement la question de son
coût : les gâchis sociaux et humains qu’ils provoquent. Des médias à qui
je conseille de se poser une question simple : Quelle humanité
voulons-nous être ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire