jeudi 14 novembre 2013

Tenir le cap mais quel cap ?

Selon les commentateurs de la vie politique : F. Hollande serait immobile voire paralysé. Il aurait perdu le cap. Mais de quel cap s’agit-il ? Malgré son envolée lyrique (« mon adversaire c’est la finance !») destinée plus à rassurer l’électorat de gauche qu’à fixer un cap, son programme n’allait pas dans ce sens.
Il était social-démocrate : accepter l’économie de marché mais l’encadrer afin d’en limiter les conséquences sociales ; prôner une réforme fiscale qui sans affronter les marchés financiers et les grands patrimoines favoriserait néanmoins une certaine redistribution fiscale et sociale.
A défaut de protéger les ouvriers même s’il leur avait fait quelques promesses, il s’est engagé à faire avancer les droits des minorités, les femmes, les homosexuels les migrants en faveur de qui, rappelons-nous, il voulait accorder enfin le droit de vote.
Rien d’autre donc que de très classique dans ce programme qui ne nous incitait pas à avoir de trop grandes illusions. Et pourtant la déception est immense.
Sans doute parce que la politique du gouvernement actuel n’est même pas social-démocrate : en matière économique loin de promouvoir la demande comme le veut la doctrine keynésienne, c’est exclusivement une politique ultra libérale de l’offre qui est développée avec son cortège de défiscalisation des entreprises et des patrimoines et de soutien à la compétitivité, entendez les profits.
A l’inverse, la demande est écrasée : pas de réforme juste des impôts, le démantèlement des services publics, la réduction des dépenses sociales et culturelles, la compression des salaires et du pouvoir d’achat.
Dans le domaine du vivre ensemble, les politiques de la ville sont en recul net, la prévention est abandonnée et le tout répressif est devenu la règle dans la continuité du discours de Grenoble de Sarkozy.
Quant à l’immigration, le gouvernement a adopté purement et simplement la thèse lepéniste selon laquelle l’immigration serait source de chômage et d’insécurité.
Dernier indice et pas le moins important, la démocratie : non seulement F. Hollande à renoncer à toute démocratisation de la République mais il s’est glissé dans les délices du pouvoir solitaire, déniant ses droits au Parlement, se mêlant de tout, décidant seul de faire la guerre au Mali ou de proposer à une lycéenne Rom de rentrer en France sans ses parents. A cela s’ajoute une réforme territoriale qui dans la continuité de celle de Sarkozy, recentralise et technocratise la gestion des collectivités locales qui n’auront bientôt plus de fiscalité et donc de pouvoir réel.
Certains pensent que la politique s’efface. Mais c’est la démocratie qui recule alors que se développe une politique exclusivement au service des riches et des patrons. C’est pourquoi la politique semble réduite à n’être qu’une boîte à outils. Renouer avec une politique de gauche c’est avoir une vision, un projet de société qui rompt avec les démarches libérales et autoritaires dominantes. Un projet où la démocratie, l’humain et la planète, feraient des pas de géants dans le sens de l’émancipation humaine et du développement durable, de la liberté et de l’égalité.
« Quand la politique est dénuée d’imaginaire, elle est condamnée à l’ordre du conjoncturel ». (Mahmoud Darwich)

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