Selon les
commentateurs de la vie politique : F. Hollande serait immobile voire paralysé.
Il aurait perdu le cap. Mais de quel cap s’agit-il ? Malgré son envolée
lyrique (« mon adversaire c’est la finance !») destinée plus à rassurer
l’électorat de gauche qu’à fixer un cap, son programme n’allait pas dans ce
sens.
Il était
social-démocrate : accepter l’économie de marché mais l’encadrer afin d’en
limiter les conséquences sociales ; prôner une réforme fiscale qui sans
affronter les marchés financiers et les grands patrimoines favoriserait
néanmoins une certaine redistribution fiscale et sociale.
A défaut de
protéger les ouvriers même s’il leur avait fait quelques promesses, il s’est
engagé à faire avancer les droits des minorités, les femmes, les homosexuels
les migrants en faveur de qui, rappelons-nous, il voulait accorder enfin le
droit de vote.
Rien d’autre
donc que de très classique dans ce programme qui ne nous incitait pas à avoir
de trop grandes illusions. Et pourtant la déception est immense.
Sans doute
parce que la politique du gouvernement actuel n’est même pas
social-démocrate : en matière économique loin de promouvoir la demande
comme le veut la doctrine keynésienne, c’est exclusivement une politique ultra
libérale de l’offre qui est développée avec son cortège de défiscalisation des
entreprises et des patrimoines et de soutien à la compétitivité, entendez les
profits.
A l’inverse,
la demande est écrasée : pas de réforme juste des impôts, le démantèlement des
services publics, la réduction des dépenses sociales et culturelles, la compression
des salaires et du pouvoir d’achat.
Dans le
domaine du vivre ensemble, les politiques de la ville sont en recul net, la
prévention est abandonnée et le tout répressif est devenu la règle dans la
continuité du discours de Grenoble de Sarkozy.
Quant à
l’immigration, le gouvernement a adopté purement et simplement la thèse
lepéniste selon laquelle l’immigration serait source de chômage et
d’insécurité.
Dernier
indice et pas le moins important, la démocratie : non seulement F.
Hollande à renoncer à toute démocratisation de la République mais il s’est
glissé dans les délices du pouvoir solitaire, déniant ses droits au Parlement,
se mêlant de tout, décidant seul de faire la guerre au Mali ou de proposer à
une lycéenne Rom de rentrer en France sans ses parents. A cela s’ajoute une
réforme territoriale qui dans la continuité de celle de Sarkozy, recentralise
et technocratise la gestion des collectivités locales qui n’auront bientôt plus
de fiscalité et donc de pouvoir réel.
Certains pensent
que la politique s’efface. Mais c’est la démocratie qui recule alors que se
développe une politique exclusivement au service des riches et des patrons.
C’est pourquoi la politique semble réduite à n’être qu’une boîte à outils.
Renouer avec une politique de gauche c’est avoir une vision, un projet de
société qui rompt avec les démarches libérales et autoritaires dominantes. Un
projet où la démocratie, l’humain et la planète, feraient des pas de géants
dans le sens de l’émancipation humaine et du développement durable, de la
liberté et de l’égalité.
« Quand
la politique est dénuée d’imaginaire, elle est condamnée à l’ordre du
conjoncturel ». (Mahmoud Darwich)
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