mardi 28 janvier 2014

L’offensive libérale

Le virage libéral de F. Hollande ne se résume pas à la suppression des cotisations patronales aux prestations familiales. Ce qui comble d’aise le Medef et la droite, c’est que le Président de la République accélère le processus, largement entamé par son prédécesseur, du démantèlement du modèle social et républicain construit à partir des luttes de notre peuple.
Hier la CSG, aujourd’hui les allocations familiales, demain la sécurité sociale, c’est la philosophie de la gauche française qui est mis à mal. Celle-ci a toujours fait de la cotisation sociale un supplément de valeur et non une ponction fiscale et de la protection sociale un outil mutualisé et non un système étatiste. Une entreprise n’est pas une machine à produire du profit. C’est d’abord un lieu de création de richesses produites par le travail des générations successives de salariés. C’est cela qui justifie la cotisation sociale payée conjointement par l’employeur et l’employé qui permet à celui-ci de vivre dans la sécurité, ainsi que les familles, les retraités et les privés de travail. Ils en bénéficient car ils participent eux aussi à la production de valeur. En fiscalisant et en étatisant la protection sociale, F. Hollande répond aux exigences du Medef mais en même temps il vide de sa substance, solidaire et démocratique, notre modèle social. En outre, il rend les armes aux libéraux qui veulent nous faire croire à la fable du coût du travail. Le travail ne coûte pas, il est au contraire à l’origine de la richesse grâce à la qualification et la productivité des travailleurs. Les charges non productives qui pèsent sur les entreprises procèdent du coût du capital : les intérêts versés aux banques, les dividendes accordées aux actionnaires, les spéculations menées avec les profits non réinvestis dans l’entreprise.
Ce capital échappe à la valorisation du travail, c’est-à-dire aux emplois et aux salaires, à la formation et la recherche, au développement de l’entreprise. Ne cherchez pas ailleurs la source du chômage et des drames sociaux.
Mais le dynamitage du modèle social s’accompagne d’un autre démantèlement, celui du modèle républicain là aussi dans le droit fil sarkozyste. Sous prétexte de simplification c’est à la démocratie qu’on s’attaque avec la réduction du nombre de communes, la suppression de départements et de régions au profit de la métropole, structure la plus technocratique et la moins citoyenne. La commune base de notre pacte républicain est réduite à presque rien, l’amorce de décentralisation explose en plein vol et une recentralisation étatique est brutalement décidée. Tout cela pourquoi ? Pour que les métropoles françaises soient compétitives dans la concurrence européenne et mondiale. Là encore c’est la valorisation du capital qui l’emporte dans ce bigbang institutionnel qui éloigne un peu plus les citoyen(ne)s de la démocratie.
Alors tout est foutu ? Non la France n’est pas l’Angleterre de Blair ou l’Allemagne de Schröder et F. Hollande n’est pas au bout de ses peines avec notre peuple. Le chemin de la résistance et de l’espoir est long et complexe mais nous l’avons déjà emprunté. Si nous savons mieux l’éclairer alors nous verrons, pour reprendre la belle métaphore d’Aragon que « la route n’est plus du tout la même sous le soleil ».

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