vendredi 17 janvier 2014

Un tournant politique

Les vœux de François Hollande annonçant le pacte de responsabilité et sa décision de le mettre en œuvre par ordonnances, constituent un véritable tournant. Pas sur le terrain de l’économie puisque le tournant libéral a été pris avec l’ANI quelques mois seulement après son élection.
Il s’agit d’un tournant politique : pour la 1ère fois un Président de la République issu du parti socialiste assume clairement l’abandon de toute référence au socialisme, à la social-démocratie, au social et même à la gauche. Le mot a disparu de son vocabulaire. Son soutien indéfectible à Manuel Valls est révélateur : celui-ci est sans aucun doute au sein du gouvernement et du PS celui qui propose avec constance et depuis plusieurs années l’abandon de toute référence au socialisme et le ralliement aux thèses libérales mais aussi aux thèses autoritaires et populistes.
Le pacte de responsabilité est accueilli avec enthousiasme par le patronat qui se réjouit déjà des nouvelles baisses de charges et autres allègements fiscaux que ce pacte va ajouter au CIC (Crédit Impôt Compétitivité). D’ailleurs, tous les indicateurs le montrent, les profits s’envolent et les revenus financiers sont protégés.
Pendant que les riches se gavent, les autres, tous les autres, trinquent : augmentation de la TVA et des impôts, fermetures d’usines, chantage à l’emploi, pression sur les salaires. Il faut bien financer le CIC et baisser le prétendu coût du travail !
Le moral des français est au plus bas : selon la Sofres 83 % d’entre eux pensent que les choses vont aller plus mal. Les côtes de popularité des 2 têtes de l’exécutif s’effondrent jusqu’à des scores inédits sous la 5e République. La confiance à leur égard se réduit à sa plus simple expression chez les jeunes de 18 à 24 ans (12 %), chez les ouvriers (11 %) et les chômeurs (11 %). Le PS a perdu 25 points de bonnes opinions et se retrouve derrière... l’UMP.
Cette situation est très inquiétante car elle ne dessine pas en creux une mobilisation massive contre cette politique et surtout elle ne profite pas à ceux qui se battent pour une alternative de gauche à ce fiasco. En face le FN tente d’apparaître comme la seule alternative à cette politique qui voit Hollande poursuivre dans la même voie que Sarkozy qui lui-même prépare son retour.
Le Front de gauche a donc une responsabilité immense dans ce contexte. Il lui faut ouvrir le chantier citoyen d’une reconstruction de l’espoir et de la coélaboration d’un projet collectif d’issue progressiste, durable et solidaire à la crise actuelle. Une crise désormais autant politique et culturelle que sociale et économique.
Le Front de gauche ne peut plus être l’expression d’une simple protestation, un cri qui se contente de dire non. Il lui faut répondre dans l’urgence à une double question que se posent beaucoup d’électeurs de gauche : y a-t-il une autre politique possible à gauche et si la réponse est positive, que faut-il faire pour qu’elle soit le ferment d’un rassemblement populaire majoritaire ?

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