mardi 28 janvier 2014

Oui aux langues de France

Le parlement est saisi de la ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires. J’y suis favorable. Les langues et cultures de France sont une composante de notre patrimoine national. Le reconnaitre officiellement est un impératif démocratique. La diversité des langues et des cultures est une richesse, à l’échelle de la planète comme à l’intérieur de chaque nation. Les langues régionales mais aussi celles issues des migrations qui ont peuplé notre pays sert le combat pour le rayonnement dans le monde du français, qui constitue notre langue commune, celle de la République.
Cette position est conforme à ma vision du genre humain et de sa liberté. Si nous ne voulons pas d’un monde standardisé, étouffé par les mécanismes appauvrissants de l’argent roi et de l’étatisme centralisateur, il faut favoriser le développement de la personne humaine. Tout ce qui permet à chacun(e) d’être un acteur autonome et conscient de son destin doit être valorisé par la puissance publique et le droit à l’apprentissage de la langue nationale et des autres langues de France contribue à l’équilibre démocratique. La France a besoin de valoriser sa diversité.
L’Europe aussi, à condition qu’elle ne soit pas corsetée par le carcan libéral qui fait primer la finance sur le développement humain. L’Europe de la diversité linguistique est d’ailleurs contradictoire avec le traité de Lisbonne, les politiques d’austérité et la technocratie antidémocratique. Un soutien à la charte européenne des langues régionales et minoritaires est indissociable du combat pour une réorientation progressiste de l’Europe même si cette charte est incomplète, en particulier en ce qui concerne les langues issues des immigrations.
La ratification doit à mon sens, être suivie de l’adoption d’une loi-cadre garantissant un statut pour les langues et cultures de France.
Comment en effet revendiquer la diversité culturelle et linguistique dans le monde, face à l’hégémonie de l’anglo-américain, et la refuser à l’intérieur des frontières de notre pays. La valorisation de la richesse linguistique en France et dans le monde participe à la défense de la langue française, langue de la République et de la résistance au rouleau compresseur d’une monoculture liée à un impérialisme économique, culturel et consumériste ?
Cette reconnaissance  contribue également à l’enrichissement  du fait régional en permettant une conception différente de la décentralisation. On voudrait nous imposer comme seule conception de la décentralisation celle qui conduit à réduire l’Etat « au minimum » en transférant une « gouvernance locale » aux collectivités territoriales. Elles en assumeraient les coûts et les responsabilités politiques, pendant que l’Europe serait chargée de faire respecter par tous, y compris les collectivités, la loi de la concurrence. J’ai une autre conception de la décentralisation qui ne remet pas en cause l’indivisibilité de notre République, approfondit une démocratie citoyenne et permet à chacun(e) de vivre son appartenance à la nation sans renier ses appartenances territoriales et culturelles, quelles qu’elles soient. « J’écris ton nom liberté » clamait Paul Eluard. C’est en effet la question centrale.

 

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