mardi 4 février 2014

Racisme, sexisme, ethnicisme : le poison de la division

La dépêche de l’AFP qualifiant Samy Josuah tête de liste Front de gauche dans un secteur municipal du Nord de Marseille, de « trotskyste né dans une famille de juifs d’Egypte » relève de l’ignominie. Que Libération s’en fasse l’écho sans prise de distance aucune et en dissertant sur la prétendue guerre ethnique qui prévaudrait dans les quartiers Nord de la ville, est proprement intolérable et inacceptable. Samy Josuah et Jean-Marc Coppola ont dit ce qu’il fallait sur cette misérable affaire.
Mais venant après le buzz autour de Dieudonné, les gesticulations fantasmatiques de Manuel Valls sur la supposée vague de jeunes qui rejoindrait le djihad syrien et l’offensive réactionnaire voulant interdire à l’école publique de former nos enfants au principe d’égalité femmes/hommes, nous devons désormais nous interroger sur l’état idéologique de notre société. Ethniciser les rapports entre les gens, assigner les individus et les groupes à leurs origines ou à leurs appartenances religieuses, entretenir le sexisme conduit à instiller le poison de la division entre les un(e)s et les autres à un moment de grande tension sociale et de concurrence exacerbée dans une société dominée par la mal vie, la précarité et la pauvreté.
On ne m’empêchera pas de penser que tenter en permanence de substituer à la lutte de classes des affrontements identitaires ne relève en aucune façon du hasard. Pendant ce temps les usines ferment, le chômage croît et la misère avec. Là, les médias adoptent majoritairement la thèse patronale et gouvernementale de la « nécessité de garantir la compétitivité des entreprises ».
Comment en sommes-nous arrivés à ce point où la prestigieuse et respectée AFP, et Libération, journal qui se prétend libertaire et à la pointe de l’émancipation individuelle, fassent du lepénisme comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir ? D’ailleurs ne le savent-ils vraiment pas ?
Comment peut-on accepter que la rue soit envahie un jour de prétendue colère par des slogans antisémites et islamophobes, homophobes et sexistes, réactionnaires et régressifs sans que nous réagissions vivement ?
Comment peut-on accepter qu’au sommet de l’Etat on se laisse aller à désigner les Roms, les immigrés, les islamistes comme les boucs émissaires d’une crise dont ils ne sont aucunement responsables, sans que nous rejetions ces amalgames odieux ?
Ne trouvez-vous pas qu’il est temps, grand temps de dire non à cette barbarie rampante ? Ne pensez-vous pas qu’il est temps, grand temps de reprendre l’offensive sur tous les plans : celui des idées en combattant pied à pied, les fausses évidences et les vérités qui n’en sont pas ; celui de la solidarité qu’il faut recréer entre toutes les victimes d’une politique antisociale déclarée ; celui de l’élaboration d’une alternative citoyenne et populaire à un capitalisme destructeur d’humanité, de solidarité et de nature.
Le temps de la résistance ne peut plus se concevoir que dans l’ambition d’un autre futur et je ne cesserai d’invoquer ce très beau vers d’Hölderlin,  « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve ».

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