mardi 11 mars 2014

Cessons de reculer

Trois évènements, ces derniers jours, m’ont sérieusement inquiété et fait réfléchir. En premier il s’agit de la votation citoyenne en Suisse qui, à une courte majorité, va contraindre son gouvernement à mettre un terme à la liberté de circulation et à l’installation des européens dans leur pays. Celui-ci connaît pourtant le plein emploi, une prospérité dont plus d’1/3 est due à la présence d’une immigration majoritairement composée d’européens surdiplômés occupant des positions clés dans l’industrie, la finance et le tourisme. Malgré cela les suisses sont eux aussi tentés par le repli sur soi, la peur et le rejet de l’autre même s’il lui ressemble !
Ensuite le Monde publie une enquête de la Sofres qui nous apprend que 34 % des français adhèrent aux idées du FN, même s’ils ne sont « que » 24 % à approuver la priorité nationale et « que » 29 % à approuver la sortie de l’euro. Cette enquête dit le Monde montre « l’enracinement des idées du Front national », « une banalisation de l’image de Marine Le Pen » et surtout une adhésion de plus d’1/3 de la population à une grande majorité de ses thèmes de prédilection.
Enfin, M. Copé, accompagnant les menaces de certaines associations contre l’Ecole et les bibliothèques, s’en prend violemment à un livre pour enfant. Il participe ainsi aux tentatives odieuses de censure et de mise en cause des libertés d’expression et de création.
Force est donc de constater que le néo-populisme est à l’offensive sur le terrain des idées et des valeurs et se fixe pour ambition d’imposer un modèle de société profondément régressif et réactionnaire.
Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas d’une diversion. Ils veulent conquérir des positions culturelles hégémoniques pour peser politiquement en faveur de leur choix de société dans tous les domaines, en particulier l’économique et le social.
Car il n’est pas dans mon propos ici de sous-estimer les luttes sociales qui sont plus que jamais indispensables. Mais cela ne suffit pas ! Il est urgent de se battre aussi sur la conception que nous nous faisons de la société et de la civilisation humaine. C’est décisif pour l’avenir du combat que nous menons pour imposer une authentique politique de gauche.
Oui, nous avons une vision émancipatrice et égalitaire de la société. Oui, nous voulons une société fraternelle, qui valorise l’altérité et le pluralisme culturel, le vivre ensemble dans le respect de l’autre et l’enrichissement mutuel.
Oui, nous voulons une société de l’égalité des sexes qui en finit avec le modèle patriarcal, homophobe et mysogine.
Oui, nous fondons notre combat sur des valeurs qui garantissent la liberté. Liberté d’opinion et de création pour construire une culture commune à partir de la relation entre tous les peuples, entre toutes les cultures garantissant à chacune et chacun la plénitude de ses droits et de son autonomie.
Cessons de subir, de se laisser impressionner et de reculer. Des forces importantes existent en France et en Europe pour reconquérir les esprits et les cœurs. Liberté, Egalité, Fraternité pour de « nouveaux jours heureux », c’est possible. Il faut pour cela « opposer, au pessimisme de la raison, l’optimisme de la volonté » (Gramsci)

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire