vendredi 23 mai 2014

Rompre et refonder l’Europe

Le débat sur l’Europe est bien mal parti car bien malin est celui qui voit clairement les enjeux pourtant considérables. Les grands médias tentent de le réduire à deux démarches : l’une défendue curieusement à la fois par l’UMP, l’UDI et le PS, persiste à ne voir dans l’Europe qu’un vaste marché de 500 millions de consommateurs régulé par la concurrence libre et non faussée, un espace de circulation de valorisation et de compétitivité du capital financier ; or cette politique est sourde et aveugle à l’explosion de la pauvreté et du chômage dans la totalité des pays européens y compris les plus riches ; destructrice des écosystèmes et se refusant de mener à bien la transition énergétique ; niant la démocratie, avec une troïka (FMI, BCE et Commission) qui concentre aujourd’hui tous les pouvoirs et refuse d’entendre la contestation populaire.
Cette Europe-là, est en crise sociale et écologique profonde. Elle s’inscrit dans la crise globale du capitalisme financiarisé brutalement aggravée depuis 2008.
La cogestion PPE (la droite européenne), PSE (parti socialiste européen) fabrique au quotidien une Europe de l’austérité, une négation des souverainetés populaires dans le droit fil des traités qui nous gouvernent, depuis le traité constitutionnel de 2005 que nous avions rejeté, comme le traité de Lisbonne qui n’a jamais été renégocié par François Hollande comme il s’y était pourtant engagé.
L’autre démarche mise en avant outrageusement par les grands médias est celle portée par le FN de Marine le Pen qui préconise un repli nationaliste qui n’a rien à voir avec le respect des souverainetés populaires, qui refuse toute coopération au service de l’emploi, du développement industriel et de la transition énergétique. Il n’y a rien de glorieux à opposer au capitalisme mondialisé, un capitalisme replié sur ses frontières. L’un et l’autre exacerbent les concurrences, le productivisme et la précarité sociale et laissent les peuples à l’écart du pouvoir et du partage des richesses. L’un et l’autre comme dirait Jaurès « portent la guerre comme la nuée porte l’orage ».
Il faut donc rompre avec cette Europe, sortir les dettes publiques de l’emprise des marchés financiers, récuser le dumping social, les privatisations, refuser le libre-échange et le traité translatique qui nous met sous la dépendance des intérêts américains. Il faut enfin rompre avec une Europe forteresse et agressive vis-à-vis des Roms et des populations du Sud.
Il faut dans un même mouvement refonder une Europe démocratique qui respecte les souverainetés populaires, une Europe de la coopération fondée sur un développement humain soutenable, une Europe libérée de la finance, une Europe des droits et des libertés, une Europe de la paix au service de l’émancipation humaine et de la pluralité culturelle.
Face à l’alliance qui se profile en Europe entre les tenants du libéralisme et ceux du populisme, nous devons être les militants de la résistance et la désobéissance à cette Europe et ceux de l’espoir et de la refondation d’une Europe au service de l’humain d’abord.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire