vendredi 23 mai 2014

Ukraine : conjurer le bellicisme

Jamais conflit n’a été relaté d’aussi étrange façon. Voilà un gouvernement non élu qui s’en prend avec des chars et des hélicoptères de combat à sa propre population, faisant des morts et des blessés, dont des syndicalistes brûlés vifs dans l’incendie de leur siège par des militants d’extrême droite. Et, les USA, l’UE, champions du monde libre, se taisent, pire, ils soutiennent un pouvoir qui entraîne le monde dans un processus belliciste, dangereux à tous égards.
 Même le Figaro s’interroge et remarque que « Kiev tombe dans tous les pièges du Kremlin » en refusant d’ouvrir le dialogue avec l’Est du pays. Il reconnaît que les partis ukrainiens d’extrême droite ont été installés au cœur du nouveau pouvoir issu de Maïdan. Il conseille à ce gouvernement de reconnaitre les droits des populations russophones et de rassembler les ukrainiens autour d’une perspective négociée.
Edgar Morin dans le Monde appelle à une solution fédérale qui permettrait de faire de l’Ukraine non une pomme de discorde entre l’Europe et la Russie mais un pont entre l’Est et l’Ouest de l’Europe.
« Sont-ils tous devenus fous ? ». Jacques Attali s’interroge sur le comportement des occidentaux et les appelle à voir que leurs véritables intérêts se situent plutôt dans une coopération avec la Russie.
 Vladimir Fédorovski, écrivain d’origine ukrainienne, acteur important de la chute de l’URSS, dénonce la diabolisation actuelle de la Russie  et rappelle qu’en humiliant l’Allemagne au sortir de la Grande Guerre on a favorisé l’émergence du nazisme. Tous ces appels à la négociation seront-ils entendus dans un moment où l’hystérie guerrière domine ?
 Il n’est donc pas inutile de rappeler les faits cachés aux français :
-      L’Ukraine est à la fois le berceau civilisationnel  et religieux de la Russie, elle a d’ailleurs longtemps fait partie intégrante de l’Empire puis de l’URSS, et un pays mixte sur le plan culturel et linguistique. Il faut donc construire une nation  respectueuse de ses différences.
-      Les affrontements actuels ne renvoient pas seulement à des fondements culturels et linguistiques. L’Ukraine est devenue depuis l’indépendance le champ clos d’une concurrence sauvage entre oligarques, les uns étant d’obédiance occidentale, les autres intimement liés à la Russie.
-      Le monde a changé. Il n’est plus divisé en deux blocs et l’occident n’exerce plus seul sa domination. Le monde est devenu polycentrique. Accuser la Russie d’expansionnisme est   vrai mais les USA et l’Europe avec l’OTAN  tentent eux aussi de maintenir ce qu’ils appellent « leur leadership » sur le monde. L’Ukraine c’est le choc de deux expansionnismes capitalistes et concurrentiels. Combien de conflits allons-nous endurer (Afghanistan, Irak, Israël/Palestine, Afrique…) pour maintenir désespérément une domination dont plus personne ne veut. La politique de la force doit céder la place à la force de la politique pour instaurer une paix universelle fondée sur la reconnaissance des droits des peuples et sur la coopération équitable entre les nations et les grands ensembles régionaux.
Et si l’on commençait le 25 mai par rompre avec cette Europe belliciste pour refonder une Europe de la paix garante du respect de la démocratie et du droit des peuples ?

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