lundi 1 septembre 2014

Chronique d’une crise annoncée ou comment conjurer la catastrophe

La première moitié du quinquennat de F. Hollande constitue l’un des plus formidable gâchis que la gauche ait produit dans l’histoire. Voilà un Président élu par le rassemblement de toutes les forces de gauche unies pour mettre un terme à l’ère sarkozy.
Voilà un peuple de gauche, si fier de sa victoire qu’il n’hésite pas à donner tous les moyens politiques à F. Hollande dans l’espoir de le voir répondre à ses attentes.
Mais sitôt installé le Président va chanter l’air célèbre du « nous avons sous-estimé l’ampleur de la crise » pour justifier le non-respect de ses engagements.
De capitulation en trahison c’est le ralliement sans conditions aux thèses du Medef et de la Commission Européenne : baisser le coût du travail, renoncer à réorienter l’Europe, réduire les déficits publics deviennent l’alpha et l’oméga d’une gauche qui se prétend moderne mais dont le maître mot devient austérité. La suite on la connaît : de J. M. Ayrault jugé trop mou à l’autoritaire M. Valls ovationné par les patrons parce « qu’il aime l’entreprise », du crédit compétitivité au pacte de responsabilité, de A. Montebourg jugé trop frondeur à E. Macron aimablement prêté par la Banque Rothschild pour qui l’ambition socialiste est « une étoile morte ».
Le résultat est dramatique : plus de 5 millions de chômeurs, près de 10 millions de précaires. Et à l’autre bout 30 % d’augmentation pour les dividendes des actionnaires !
Comment cela a-t-il été rendu possible ? La réponse est double. Institutionnelle d’abord : la 5e République aggravée par l’instauration du quinquennat et la priorité donnée à la présidentielle, fait de l’Elysée le siège d’un pouvoir absolu. Libéré de toutes les contraintes, (le gouvernement aux ordres, le parlement réduit à presque rien, les corps intermédiaires corsetés par des pactes imposés d’en haut…) un homme seul décide de tout et la constitution de la 5e est devenue un véritable bouclier contre le peuple.
En second lieu la réponse est politique : le paysage actuel prend les allures du désert des tartares : le PS est marginalisé, la droite est tétanisée par ses divisions et sous la menace d’un FN dont la force permet à l’exécutif de légitimer son action sur le mode « c’est moi ou le chaos ».
Mais pour F. Hollande la voie est étroite : après les défaites subies aux municipales et aux européennes jamais le pouvoir n’a été aussi impopulaire et désormais « le Roi est nu », minoritaire dans son propre camp.
C’est pourquoi ce que l’on nomme la gauche de la gauche possède si elle le décide un réel espace politique. Le Front de gauche, les écologistes, les socialistes frondeurs et bien d’autres au sein du mouvement social et culturel ont encore la possibilité d’inverser le cours des choses. Certes les désaccords sont nombreux mais nous savons que la solution ne viendra ni d’un sauveur suprême, ni d’un mauvais compromis entre appareils. Il est urgent de rassembler à travers une démarche citoyenne en ouvrant le seul débat qui vaille : comment construire une politique alternative et surtout comment convaincre nos compatriotes qu’il existe une autre voie à gauche : celle qui prône la relance par le pouvoir d’achat, la réforme fiscale juste, la réorientation du crédit et des investissements productifs vers l’emploi, le logement, les services publics et la transition écologique, enfin la réforme constitutionnelle vers une 6e République.
Il est encore temps pour interrompre la chronique annoncée de la catastrophe.

 

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