lundi 15 septembre 2014

« Quelque chose de pourri…. »

La seule question à se poser à propos du livre de V. Trierweiler c’est pourquoi connaît-il un tel engouement au point de marquer la rentrée politique ?
Car enfin, tel un personnage de Racine, elle ne mérite « ni cet excès d’honneur ni cette indignité ». Son livre a pour défaut d’avoir obscurci la rentrée littéraire mais au-delà de la vengeance d’une femme blessée il s’agit d’une véritable charge politique, plus violente et plus efficace que n’importe quelle déclaration de tel ou tel responsable.
Pourquoi ? Parce qu’elle décrit avec son vécu l’exercice du pouvoir présidentiel et que cette description rejoint la façon dont beaucoup de français le ressente.
Elle dénonce un pouvoir solitaire, absolu et sans contrôle qui façonne celui qui l’occupe. Il y a d’ailleurs une dimension shakespearienne dans le personnage qu’elle dépeint : distant et obsédé par son image, voyant des ennemis partout, distillant un humour méprisant, pratiquant la politique à l’aide de calculs froids et d’un cynisme bien trempé.
Vrai ou faux ? Aragon dirait qu’il s’agit d’un « mentir-vrai ». Il conforte les raisons du désamour populaire. Ce que ressent le peuple trouve alors du sens : voilà en effet un homme politique qui se fait élire sur des engagements forts, « Moi Président je serai normal et exemplaire, », « je n’aime pas les riches et mon adversaire c’est la finance », et c’est pourquoi « je réorienterai l’Europe ». Et voilà que sitôt élu il devient le Président des riches, obéit au Medef, cède à l’Europe libérale et aux marchés financiers, réduit les budgets publics, impose l’austérité à tous en particulier aux plus pauvres. Enfin sa République est tout sauf exemplaire.

Mais le drame c’est que le problème ne se résume pas à la personnalité de Hollande et là se trouve sans doute les limites du pamphlet de V. Trierweiler. Mitterrand aussi avait été élu sous l’étoile de Rimbaud avec son ambition de « changer la vie », Chirac grâce à sa volonté d’en finir avec la « fracture sociale », et Sarkozy parce qu’il promettait à chacun de « travailler plus pour gagner plus ». A chaque fois la désillusion fut immense et à chaque fois le « monarque » s’est enfermé dans la prétendue sacralité de la fonction présidentielle pour se protéger de la colère populaire. Il s’en est suivi un zapping électoral et un désenchantement à répétition.
Jusqu’à quand cela peut-il durer alors que nous savons désormais que le populisme attend son heure avec patience et délectation.
Il devient donc urgent de construire un mouvement populaire pour une 6e République fondée sur un renouvellement de la démocratie et aussi sur une autre politique. « Je n’ai jamais séparé la République disait Jaurès, des idées de justice sociale sans laquelle elle est un vain mot ».
La crise actuelle est en effet le produit de la conjonction explosive entre un pouvoir politique quasi monarchique et une domination sans partage des oligarchies capitalistes qui règnent sur l’économie et qui imposent une pensée unique et une politique dramatique à toute la société.
Voilà pourquoi, paraphrasant à nouveau Shakespeare je dirai qu’il y a décidément « quelque chose de pourri dans le royaume… de France ».
Mais Hollande, Valls et les autres prenez garde ! L’histoire a montré que le peuple a toujours su reprendre la main.

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