mardi 7 octobre 2014

Encore un effort

Dans les résultats des sénatoriales un élément m'a alerté: le FN disposait d’un millier de grands électeurs et il a obtenu plus de 4000 voix ce qui lui a permis d’élire 2 des siens dans le Var et les Bouches-du-Rhône. D’où viennent ces grands électeurs ? Ce sont des élus locaux classés « divers droite », « non-inscrits » et même UMP. Nous avons donc la confirmation que le courant politique incarné par M. le Pen dépasse les frontières électorales du FN et qu’il attire des élus de la droite dite classique.
Force est donc de constater la progression et la banalisation de la version mariniste du lepénisme.
Ce constat m’amène à un autre qui dépasse très largement les sénatoriales : les forces progressistes dans notre pays ont le plus grand mal à affronter sur le terrain politique comme sur celui des idées, dans la cité et dans l’entreprise, le mouvement lepéniste. Notre difficulté réside à mon sens dans une mauvaise définition du problème posé.
A quoi avons-nous affaire ? Dans une quinzaine de pays européens émerge une nouvelle droite, national-populiste qui regroupe des forces issues de l’extrême-droite mais aussi de la droite. Elle se définit comme une alternative au capitalisme libéral, mondialisé et libertaire. Elle veut lui substituer une autre vision du capitalisme, nationaliste, autoritaire, ultra-conservatrice en termes de valeurs et xénophobe parce qu’elle défend un occident blanc et chrétien traditionnaliste.
C’est contre cela que nous nous battons et si nous n’arrivons pas à construire notre propre vision de l’alternative au capitalisme, nous risquons d’être enfermés dans un face à face mortifère entre le libéralisme et le populisme.
En second lieu nous ne mesurons pas à quel point notre peuple est divisé : entre des classes populaires marginalisées et des classes moyennes en voie de déclassement, entre des populations d’origines diverses, au sein même des classes populaires. Le populisme exacerbe ces divisions et les exploitent. Renouer des liens de solidarité contre les causes réelles de la crise ne se fera pas si nous nions cette diversité. Il faut au contraire, la reconnaitre, la partager et construire avec elle de nouvelles formes de conscience de classe. Celle des dominés, quelques soient leurs origines, contre les politiques d’austérité. Notre peuple est divers mais rien ne changera sans sa mise en mouvement solidaire.
Pourquoi avons-nous tant de mal à répondre à M. le Pen quand elle invoque la laïcité contre l’islam ? La laïcité c’est à la fois la séparation claire entre l’Etat et les religions mais c’est aussi ne l’oublions pas le respect total de la liberté de conscience.
Notre ennemi ce n’est pas l’islam, c’est le capital. Il est grand temps de tendre la main à ceux qui le pratique, pour mener ensemble les combats émancipateurs d’aujourd’hui en pariant sur l’avenir et sur notre capacité à convaincre sur les questions qui nous heurtent.
Enfin sur la nation : pourquoi laisser à M. le Pen le monopole d’une histoire où tout nous oppose. « Ma France» n’est pas la sienne : elle est ouverte et non repliée, solidaire et non égoïste, fraternelle et non xénophobe. Rassemblons autour de notre vision de la nation par exemple en continuant de réclamer le droit de vote pour les étrangers.
Encore un effort, il y a urgence.

 

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