lundi 13 octobre 2014

Ensemble, réinventer les mots et la symbolique d'un autre avenir.

Après cette rentrée calamiteuse du pouvoir, Fleur Pellerin, la nouvelle ministre de la culture, vient de prononcer une phrase sibylline : elle ne veut « ni refaire ni défaire ce qui a été fait depuis 2012 » et surtout « elle ne veut pas renverser la table ». Or le bilan culturel du quinquennat Hollande à la mi-temps de son mandat est catastrophique : La rupture annoncée avec l’ère Sarkozy n'a pas eu lieu, pire les premiers budgets du ministère ont subi des baisses importantes. La réforme territoriale en prévoyant de supprimer les départements et la clause de compétence générale, en asphyxiant financièrement les collectivités, annonce un immense processus de déculturation de nos territoires et des populations qui y vivent.
La mise en œuvre pitoyable de la réforme des rythmes scolaires ne permet pas d'affronter réellement la question pourtant essentielle de l'éducation artistique dans et hors du temps scolaire. Enfin ce pouvoir, tout au service du MEDEF a commis l'inqualifiable : il a agréé un accord sur l'assurance chômage qui va considérablement aggraver la précarité et les droits sociaux des artistes et des techniciens du spectacle.
Le seul enseignement que je tire de la démission d’Aurélie Filipetti est que ce gouvernement ne peut avoir une politique culturelle émancipatrice car sa politique n'est ni civilisatrice, ni sociale, en un mot, elle n’est pas de gauche.
Il faut donc continuer d'agir, au côté du mouvement artistique et culturel, contre le démantèlement du service public de la culture, pour la défense des droits sociaux des artistes et techniciens, contre la soumission aux géants de l'industrie culturelle américaine, Google, Amazon et Netflix… à qui Fleur Pellerin est prête à tout accorder. Elle semble n'être que la ministre des industries culturelles  et de leur compétitivité. Agir aussi contre toutes les formes de populisme qui consiste dans les villes conquises par l'UMP et le FN à censurer la programmation culturelle. Sous prétexte de lutter contre « l'élitisme » on y pratique le mépris du peuple et la haine des artistes et de la création.
Le moment est venu de rassembler pour « sauver la culture » mais surtout pour porter un projet de refondation des politiques publiques de l'art et de la culture.
C'est un vaste chantier. La politique et la culture ont une ambition commune : porter une vision du monde. La politique ne peut se réduire à une boite à outils libérale, ni à des enjeux de pouvoir. Elles sont toutes les deux des conditions majeures de l'exercice de la démocratie. L’humanité vit un moment de son histoire où elle est confrontée à une crise du sens même de son devenir. Un moment dangereux où s’entremêlent les eaux glacées du calcul égoïste et les monstres obscurantistes et liberticides tandis que les grandes utopies émancipatrices sont à la peine. Il redevient urgent d'inventer les nouvelles voies de l'émancipation humaine en redonnant du souffle et de l’ampleur à notre ambition transformatrice.
Il faut pour cela se tourner à nouveau vers l’art et la création, l'imaginaire et la connaissance, vers les artistes et les intellectuels, vers toutes celles et tous ceux qui ont pour vocation de partager le sens et le sensible afin, ensemble, de réinventer les mots et la symbolique d'un autre avenir.

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