Voilà donc
Eric Zemmour érigé au rang de penseur de la nouvelle droite. Révélateur de
l’air du temps néo-populiste qui distille une idéologie bien pauvre
conceptuellement, mais pratiquant le mensonge et la haine désormais bien
partagée.
Par les Le
Pen, qui peuvent en revendiquer la paternité, mais aussi N. Morano, Ch.
Estrosi, R. Ménard et tous ces élus de droite et d’extrême droite qui font la
chasse aux immigrés surtout quand ils sont arabes, noirs ou Roms ; par A. Finkielkraut
qui veut nous faire croire que
l’identité française est menacée par une invasion arabo-musulmane, une croisade
à l’envers en somme. Coalition à laquelle il faut adjoindre la cohorte des
défenseurs d’une famille blanche et hétérosexuelle où l’homme retrouve sa virilité et son autorité sur sa
femme qui a pris trop de libertés et ses enfants qui n’ont qu’un seul droit
c’est celui de se taire.
Comme il
faut bien qu’il en rajoute, E. Zemmour
vient de découvrir que « l’Etat français » du Maréchal Pétain n’était
pas antisémite, bien au contraire, il aurait sauvé 100 % des juifs français des
griffes des allemands ! Tous les témoins encore vivants et tous les
historiens savent pourtant que les juifs, français ou étrangers, qui ont eu la vie
sauvent ne le doivent pas à la police de Vichy qui a collaboré avec zèle à la
solution finale. C’est à leur courage et à la solidarité du peuple français
dans sa diversité qu’ils doivent de n’avoir pas connu le sort de leurs
coreligionnaires de l’Europe de l’Est.
Le discours d’E.
Zemmour est à la fois paradoxal et pitoyable. Fils d’immigrés algériens de
confession juive que le colonisateur a opposé aux autres composantes du peuple
algérien en leur accordant la nationalité française dès le début du 20e
siècle, il est de ces migrants qui n’ont de cesse, maintenant qu’ils sont
acceptés, de fermer la porte derrière eux.
C’est
pourquoi, il n’hésite pas à se faire le chantre du crédo populiste
actuel : l’ennemi intérieur n’est plus le juif mais le musulman, ce
barbare terroriste et obscurantiste,
incapable de s’intégrer à la « civilisation » et dont la religion le rendrait
« incompatible » avec notre République démocratique et laïque. A ses
yeux « le mélange » entre les « Français » et les «Arabes »
ne porte en lui rien moins qu’un danger de guerre civile !
Bien sûr
Zemmour n’a pas besoin de s’inventer des ennemis. Le djihadisme comme les
idéologues antisémites Soral et Dieudonné sont là pour ça. Ils ne sont jamais
que la face inversée de la même médaille raciste.
Mais les
temps changent et la prise de conscience s’amplifie. Des livres, des articles
de journaux, des prises de position se multiplient pour dénoncer les mensonges
et refuser la haine distillée à longueur de médias complaisants au sein même du
service public.
Un article
du Monde déconstruit les mensonges de Zemmour sur l’immigration clandestine, le
regroupement familial ou les mariages mixtes. Plusieurs historiens dénoncent
son révisionnisme et son négationnisme et Edwy Plenel vient de publier une
défense des musulmans qui peut s’appliquer à toutes les minorités stigmatisées.
Le MRAP a saisi le CSA pour rappeler à l’ordre les médias publics.
L’heure, je
le répète, est à la contre-offensive. Elle doit être citoyenne pour combattre
la division, reconquérir les consciences et refuser une haine qui n’a pas pour
but que d’imposer un populisme qui n’est jamais que la roue de secours d’une
droite en crise.
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