vendredi 21 novembre 2014

Délitement

Chaque jour qui passe contribue au délitement du pacte républicain et à l’aggravation de la crise ouverte de notre démocratie.
Ainsi de la répression disproportionnée qui s’est abattue sur les manifestations contre le barrage de Sivens. La mort de Rémi Fraisse ne relève pas de l’accident malheureux mais de la décision des autorités politiques et policières d’utiliser, fait unique dans le genre, des grenades offensives. C’est une atteinte très grave aux droits garantis par la constitution et à l’exercice des libertés publiques.
De même la haine et la répression qui se déchainent contre les syndicats, singulièrement la CGT, contre les luttes sociales, le droit de manifester et de faire grève, posent le problème plus général du fonctionnement de notre démocratie qui ne peut plus s’exercer seulement le jour de l’élection. C’est chaque jour que les citoyen-ne-s doivent pouvoir intervenir et participer, à l’élaboration et à la mise en œuvre des décisions qui les concerne en premier lieu.
Autre fait très inquiétant : la corruption mise à jour dans le monde politique ou encore les fraudes fiscales et sociales pratiquées par des banques et des entreprises ne trouvent pas dans le fonctionnement actuel de la justice de réponse claire. Comment une société peut-elle accepter que des élus puissent rester en fonction, voire être réélus quand ils sont soupçonnés et parfois déjà condamnés pour manquement grave à la gestion des fonds publics ? Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur ces faits qui choquent profondément ceux qui désespèrent de la politique et de son incapacité à résoudre leurs problèmes. De même comment des banques ou des entreprises prises la main dans le sac de l’évasion fiscale ou de la fraude sociale peuvent-elles continuer impunément leurs activités ? Le Medef, prompt à mettre en cause les droits sociaux des salariés et des chômeurs, est silencieux sur ces questions ainsi que le Président de la commission européenne, Premier ministre du Luxembourg quand il a couvert cette évasion fiscale.
Là encore cela appelle la refondation d’une République exemplaire au sens où elle donnerait à la justice une indépendance réelle et les moyens réglementaires et matériels de s’exercer démocratiquement et efficacement en France et en Europe.
Et puis il y a les médias qui exercent un magister de la pensée et des idées à sens unique, celui du libéralisme auquel s’ajoutent ces derniers temps la valorisation du populisme comme si ces deux-là s’entendaient comme larrons en foire. A quand une réappropriation citoyenne des médias ?
Enfin il faut dénoncer la banalisation du discours raciste : quand l’entraineur d’un club de ligue 1 de football réduit les joueurs noirs à leur dimension physique et leur dénie toute intelligence, le ministre des sports parle de « maladresse » ( !!!) et le football professionnel serre les rangs. Il y a décidément quelque chose de pourri par le fric dans ce sport où il est grand temps d’y faire pénétrer le souffle d’une autre conception de la pratique sportive, humaine, fraternelle et émancipatrice.
La liste est longue de ce qui gangrène la démocratie et la République. Mais elle alimente aussi la nécessité pour notre peuple de se réapproprier la politique et d’investir un champ, le pacte républicain, afin que notre peuple cesse d’être gouverné mais qu’il exerce lui-même sa souveraineté.

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