lundi 9 février 2015

Chantiers d’espoirs

Ce qui vient de se passer en France et en Grèce montre cette capacité sans cesse renouvelée qu’ont les peuples de se mêler de leur propre histoire de manière intempestive et inattendue.
A chaque fois cela nous incite à nous interroger et à changer de logiciel. Des choses bougent en profondeur chez nous et dans tout le continent européen : face aux désastres provoqués par les politiques d’austérité et face au danger d’un populisme aux portes du pouvoir dans plusieurs pays dont le nôtre, un mouvement social, culturel et citoyen alternatif au libéralisme, émerge au Sud comme au Nord de l’Europe. Une première traduction politique vient de se produire en Grèce, demain ce sera peut-être le tour de l’Espagne ou de l’Islande. Il faut impérativement être à l’écoute de ces aspirations à la dignité, l’égalité, la liberté et la fraternité.
En France, des forces considérables sont disponibles dans le monde politique, syndical et associatif, intellectuel et culturel pour réfléchir et construire une alternative au libéralisme comme au populisme.
Pourquoi ne parviennent-elles pas encore à se rassembler ?
On entend ici où là que cela tient à la difficulté de trouver une personnalité susceptible d’incarner ce rassemblement. Sans négliger cette question, je ne la crois pas première. L’obstacle principal à franchir tient à l’absence d’un projet de société suffisamment crédible pour ouvrir une perspective transformatrice. C’est une urgence absolue, particulièrement dans notre pays où près d’un tiers des français considère le FN comme une alternative possible, l’élection dans le Doubs vient une fois de plus d’en administrer la preuve. Le risque est grand, si nous ne faisons rien, de voir s’installer un face à face entre libéralisme et populisme, mortelle pour une gauche de transformation sociale. Il est donc impératif de dépasser les intérêts boutiquiers et d’ouvrir un débat sur les conditions d’un rassemblement des forces qui résistent. Il ne suffit pas de résister et nous voyons bien que la critique ne suffit pas à rendre possible et crédible une alternative de gauche.
Pour y parvenir, il faut affronter 3 questions essentielles :
-      Nous avons besoin à la fois d’un projet qui donne du sens au mouvement en termes de valeurs, d’idées, de symbole et d’un programme qui nous identifie autour de quelques grandes propositions gouvernementales.
-      Notre démarche doit faire l’objet d’une élaboration populaire et citoyenne faisant appel autant à l’expertise des acteurs de terrain qu’à celle des intellectuels et des responsables politiques.
-      Il me semble enfin, que notre projet ne doit pas être un mauvais compromis où une juxtaposition des positions des uns et des autres, encore moins la simple défense d’acquis en crise profonde. Il nous faut réinventer la république et la laïcité, le modèle productif et la transition écologique, les formes de la solidarité et du combat antiraciste, les services publics de l’école et de la culture, du logement et la santé, faire de la révolution numérique un bien commun.
Il nous faut aborder ces chantiers avec un regard neuf, actualisant notre ambition émancipatrice à l’aune des aspirations nouvelles singulièrement celles de la jeunesse. Des chantiers d’espoirs pour construire un rassemblement à vocation majoritaire destiné à redonner le pouvoir au peuple.

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