Ce qui vient
de se passer en France et en Grèce montre cette capacité sans cesse renouvelée
qu’ont les peuples de se mêler de leur propre histoire de manière intempestive
et inattendue.
A chaque
fois cela nous incite à nous interroger et à changer de logiciel. Des choses bougent
en profondeur chez nous et dans tout le continent européen : face aux
désastres provoqués par les politiques d’austérité et face au danger d’un
populisme aux portes du pouvoir dans plusieurs pays dont le nôtre, un mouvement
social, culturel et citoyen alternatif au libéralisme, émerge au Sud comme au
Nord de l’Europe. Une première traduction politique vient de se produire en
Grèce, demain ce sera peut-être le tour de l’Espagne ou de l’Islande. Il faut
impérativement être à l’écoute de ces aspirations à la dignité, l’égalité, la
liberté et la fraternité.
En France,
des forces considérables sont disponibles dans le monde politique, syndical et
associatif, intellectuel et culturel pour réfléchir et construire une alternative
au libéralisme comme au populisme.
Pourquoi ne
parviennent-elles pas encore à se rassembler ?
On entend
ici où là que cela tient à la difficulté de trouver une personnalité
susceptible d’incarner ce rassemblement. Sans négliger cette question, je ne la
crois pas première. L’obstacle principal à franchir tient à l’absence d’un
projet de société suffisamment crédible pour ouvrir une perspective
transformatrice. C’est une urgence absolue, particulièrement dans notre pays où
près d’un tiers des français considère le FN comme une alternative possible,
l’élection dans le Doubs vient une fois de plus d’en administrer la preuve. Le
risque est grand, si nous ne faisons rien, de voir s’installer un face à face
entre libéralisme et populisme, mortelle pour une gauche de transformation
sociale. Il est donc impératif de dépasser les intérêts boutiquiers et d’ouvrir
un débat sur les conditions d’un rassemblement des forces qui résistent. Il ne
suffit pas de résister et nous voyons bien que la critique ne suffit pas à
rendre possible et crédible une alternative de gauche.
Pour y parvenir,
il faut affronter 3 questions essentielles :
- Nous avons besoin à la fois d’un
projet qui donne du sens au mouvement en termes de valeurs, d’idées, de symbole
et d’un programme qui nous identifie autour de quelques grandes propositions
gouvernementales.
- Notre démarche doit faire l’objet
d’une élaboration populaire et citoyenne faisant appel autant à l’expertise des
acteurs de terrain qu’à celle des intellectuels et des responsables politiques.
- Il me semble enfin, que notre projet
ne doit pas être un mauvais compromis où une juxtaposition des positions des
uns et des autres, encore moins la simple défense d’acquis en crise profonde.
Il nous faut réinventer la république et la laïcité, le modèle productif et la
transition écologique, les formes de la solidarité et du combat antiraciste,
les services publics de l’école et de la culture, du logement et la santé,
faire de la révolution numérique un bien commun.
Il nous faut
aborder ces chantiers avec un regard neuf, actualisant notre ambition
émancipatrice à l’aune des aspirations nouvelles singulièrement celles de la
jeunesse. Des chantiers d’espoirs pour construire un rassemblement à vocation
majoritaire destiné à redonner le pouvoir au peuple.
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