Ces
dernières semaines j’ai des réveils et des journées tristes de ne plus pouvoir
écouter mes radios préférées, Inter, Musique, Culture, Info celles de Radio
France, le service public de la radio.
Bien sûr, il
m’arrive d’être en colère le matin sur Inter après Dominique Seu ou Patrick
Cohen, de ne pas apprécier certains chroniqueurs de Culture ou d’Info, de
trouver parfois Musique un peu bavarde, mais il me suffit d’écouter
actuellement les radios commerciales pour comprendre que Radio France c’est ma
radio. Elle véhicule des valeurs, une manière d’être, un rapport à la culture, dans
lesquels je me reconnais.
Les salariés
en grève mènent le bon combat. Celui pour lequel, « le service public n’a
ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable » pour reprendre les
propos de leur lettre ouverte au public.
Or c’est
l’objectif poursuivi insidieusement par son Pdg M. Gallet, la Cour des comptes,
et la Ministre de tutelle, Fleur Pellerin pour qui le modèle, à copier c’est
RTL, une radio formatée et standardisée à partir du goût moyen. RTL, mais aussi
RMC et bien d’autres ont toujours le nez sur l’actualité à la recherche du
scoop. Elles ne prennent pas le recul nécessaire pour mieux informer et faire
réfléchir. Culturellement au rabais elles fuient l’invention et l’innovation et
pour elles le divertissement est d’abord une arme de distraction massive
destinée à mieux faire accepter la dureté du temps.
Il paraît à
entendre la Ministre que tout cela est de la faute de Sarkozy. Certes la loi
sur l’audiovisuel de la droite est à l’origine de la crise actuelle de Radio
France. Mais F. Pellerin oublie un peu vite que si Sarkozy a lancé la charge,
Hollande et Valls veulent sonner l’hallali du service public. En imposant 50
millions de réductions budgétaires, une « modernisation sociale » à
la sauce Macron, une fusion des orchestres, la disparition par étapes de France
Musique, de FIP, du Mouv, et cerise sur le gâteau, la vente à la découpe du
bâtiment, monument historique dont l’Etat ne veut plus assumer la
réhabilitation alors qu’il s’y était engagé.
Eh
quoi ? La France, 5ème puissance mondiale, n’a plus les moyens
d’offrir aux français, très nombreux à l’écouter, un service public de la radio
qui sache conjuguer info et pluralisme, divertissement et intelligence,
ouverture culturelle et musiques au pluriel ? C’est cela la traduction des
discours lénifiants de Hollande et de Valls après le 11 janvier où la main sur
le cœur, ils se sont engagés à faire de la liberté d’expression, de l’éducation
et de la culture, des vecteurs essentiels de l’esprit républicain et du vivre
ensemble !
En vérité ce
qui arrive à Radio France est la métaphore de la vaste entreprise de démolition
du service public auquel se livre le pouvoir actuel. Les salariés de Radio
France méritent soutien et solidarité. Ils montrent la voie à tous ceux dans
l’école, l’hôpital, les collectivités et ailleurs qui désespèrent d’être
entendus alors qu’ils se battent pour le bien commun.
Ces combats
sont les nôtres. Ils doivent être autant des foyers de résistance que des
chantiers d’espoirs pour inventer une autre politique de gauche dont le service
public serait la matrice essentielle au bénéfice de l’émancipation humaine, de
la protection de la nature, de l’invention et de la transmission des savoirs et
des cultures.
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