vendredi 17 avril 2015

Radio France : une grève pour le bien communun

Ces dernières semaines j’ai des réveils et des journées tristes de ne plus pouvoir écouter mes radios préférées, Inter, Musique, Culture, Info celles de Radio France, le service public de la radio.
Bien sûr, il m’arrive d’être en colère le matin sur Inter après Dominique Seu ou Patrick Cohen, de ne pas apprécier certains chroniqueurs de Culture ou d’Info, de trouver parfois Musique un peu bavarde, mais il me suffit d’écouter actuellement les radios commerciales pour comprendre que Radio France c’est ma radio. Elle véhicule des valeurs, une manière d’être, un rapport à la culture, dans lesquels je me reconnais.
Les salariés en grève mènent le bon combat. Celui pour lequel, « le service public n’a ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable » pour reprendre les propos de leur lettre ouverte au public.
Or c’est l’objectif poursuivi insidieusement par son Pdg M. Gallet, la Cour des comptes, et la Ministre de tutelle, Fleur Pellerin pour qui le modèle, à copier c’est RTL, une radio formatée et standardisée à partir du goût moyen. RTL, mais aussi RMC et bien d’autres ont toujours le nez sur l’actualité à la recherche du scoop. Elles ne prennent pas le recul nécessaire pour mieux informer et faire réfléchir. Culturellement au rabais elles fuient l’invention et l’innovation et pour elles le divertissement est d’abord une arme de distraction massive destinée à mieux faire accepter la dureté du temps.
Il paraît à entendre la Ministre que tout cela est de la faute de Sarkozy. Certes la loi sur l’audiovisuel de la droite est à l’origine de la crise actuelle de Radio France. Mais F. Pellerin oublie un peu vite que si Sarkozy a lancé la charge, Hollande et Valls veulent sonner l’hallali du service public. En imposant 50 millions de réductions budgétaires, une « modernisation sociale » à la sauce Macron, une fusion des orchestres, la disparition par étapes de France Musique, de FIP, du Mouv, et cerise sur le gâteau, la vente à la découpe du bâtiment, monument historique dont l’Etat ne veut plus assumer la réhabilitation alors qu’il s’y était engagé.
Eh quoi ? La France, 5ème puissance mondiale, n’a plus les moyens d’offrir aux français, très nombreux à l’écouter, un service public de la radio qui sache conjuguer info et pluralisme, divertissement et intelligence, ouverture culturelle et musiques au pluriel ? C’est cela la traduction des discours lénifiants de Hollande et de Valls après le 11 janvier où la main sur le cœur, ils se sont engagés à faire de la liberté d’expression, de l’éducation et de la culture, des vecteurs essentiels de l’esprit républicain et du vivre ensemble !
En vérité ce qui arrive à Radio France est la métaphore de la vaste entreprise de démolition du service public auquel se livre le pouvoir actuel. Les salariés de Radio France méritent soutien et solidarité. Ils montrent la voie à tous ceux dans l’école, l’hôpital, les collectivités et ailleurs qui désespèrent d’être entendus alors qu’ils se battent pour le bien commun.
Ces combats sont les nôtres. Ils doivent être autant des foyers de résistance que des chantiers d’espoirs pour inventer une autre politique de gauche dont le service public serait la matrice essentielle au bénéfice de l’émancipation humaine, de la protection de la nature, de l’invention et de la transmission des savoirs et des cultures.

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