lundi 18 mai 2015

Le temps de l’imposture

Dans notre pays nous vivons le temps de l’imposture.
Imposture au sommet de l’Etat où François Hollande élu par une majorité d’électeurs de gauche ne cesse de tourner le dos à ses engagements de campagne.
Le voilà désormais partisan acharné de l’austérité pour tous, sauf pour une poignée de patrons et d’une libéralisation généralisée de l’économie ; le voilà aussi va-t-en guerre et marchand d’armes en particulier auprès des régimes les plus rétrogrades du Golfe Persique qui financent le djihadisme qu’il prétend combattre ; pour lutter contre le terrorisme il préfère augmenter le budget de l’armée et s’en prendre aux libertés individuelles en mettant les français sur écoute.
Il ferait mieux d’engager la France et l’Europe dans la résolution pacifique des conflits en fonction des intérêts des peuples. A l’inverse il prend sa part de la construction d’une Europe forteresse qui regarde sans frémir mourir des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants à quelques mille marins de ses rives.
Imposture à droite où Nicolas Sarkozy et ses affidés entendent capter l’héritage républicain. Après avoir invoqué en 2007 Guy Mocquet et Jean Jaurès voilà que les sarkozystes se prennent pour les héritiers  des soldats de l’an II. Mais attention leur République « prend son appui sur la civilisation judéo-chrétienne et gréco-romaine». Car il faut bien disputer le terrain national-populiste au FN : pour les futurs « républicains » la laïcité se définit comme le refus du « communautarisme » (musulman bien sûr) et l’étranger ne gagnera sa place en France qu’en « s’assimilant ». L’imposture sarkozyste consiste à marier un modèle ultra libéral qui met fin « aux dérives d’un système social qui corrompt la valeur travail » avec une vision néo conservatrice autoritaire et identitaire de la société française. Où est donc la République que Jean Jaurès définissait comme associant égalité et justice sociale, démocratie et liberté ?
Imposture enfin à l’extrême droite où la famille le Pen n’en finit plus de se déchirer pour savoir qui est le plus fidèle aux fondamentaux du FN. La fille ne veut plus que son père brouille son message avec un antisémitisme trop voyant et un attachement viscéral au pétainisme. Mais l’extrême droite que Marine le Pen incarne ne vaut guère mieux : Sa préférence nationale décrédibilise sa prétention sociale ; son islamophobie chronique contredit son adhésion à la laïcité et masque mal sa haine de tout ce qui est différent ; sa vision autoritaire de l’Etat est contraire à la République dont elle se réclame pourtant ; son antimondialisme n’est pas un anticapitalisme mais un outil de combat contre les immigrés, ceux venus du Sud, au profit d’une défense de « la civilisation occidentale, blanche et chrétienne ».
Le prétendu parricide, n’a pas grand-chose à voir avec la tragédie grecque. Il est le dernier avatar d’une passation de pouvoir entre deux formes d’extrême droite : celle du 21e siècle de Marine le Pen qui pose la question de l’accès au pouvoir et pour y parvenir veut se débarrasser des scories de celles que le 20e siècle a clairement condamnées. Ici l’imposture tient dans le fait que le projet de la fille, s’il est plus médiatique, n’a pas grand-chose à envier à celui du père. Au fond Marine le Pen veut que tout change au FN pour rien ne change à l’extrême droite.

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