Dans notre
pays nous vivons le temps de l’imposture.
Imposture au
sommet de l’Etat où François Hollande élu par une majorité d’électeurs de
gauche ne cesse de tourner le dos à ses engagements de campagne.
Le voilà
désormais partisan acharné de l’austérité pour tous, sauf pour une poignée de
patrons et d’une libéralisation généralisée de l’économie ; le voilà aussi
va-t-en guerre et marchand d’armes en particulier auprès des régimes les plus
rétrogrades du Golfe Persique qui financent le djihadisme qu’il prétend
combattre ; pour lutter contre le terrorisme il préfère augmenter le
budget de l’armée et s’en prendre aux libertés individuelles en mettant les
français sur écoute.
Il ferait
mieux d’engager la France et l’Europe dans la résolution pacifique des conflits
en fonction des intérêts des peuples. A l’inverse il prend sa part de la
construction d’une Europe forteresse qui regarde sans frémir mourir des
centaines d’hommes, de femmes et d’enfants à quelques mille marins de ses
rives.
Imposture à
droite où Nicolas Sarkozy et ses affidés entendent capter l’héritage
républicain. Après avoir invoqué en 2007 Guy Mocquet et Jean Jaurès voilà que
les sarkozystes se prennent pour les héritiers des soldats de l’an II.
Mais attention leur République « prend son appui sur la civilisation
judéo-chrétienne et gréco-romaine». Car il faut bien disputer le terrain
national-populiste au FN : pour les futurs « républicains » la
laïcité se définit comme le refus du « communautarisme » (musulman
bien sûr) et l’étranger ne gagnera sa place en France qu’en « s’assimilant ».
L’imposture sarkozyste consiste à marier un modèle ultra libéral qui met fin
« aux dérives d’un système social qui corrompt la valeur travail »
avec une vision néo conservatrice autoritaire et identitaire de la société
française. Où est donc la République que Jean Jaurès définissait comme
associant égalité et justice sociale, démocratie et liberté ?
Imposture
enfin à l’extrême droite où la famille le Pen n’en finit plus de se déchirer
pour savoir qui est le plus fidèle aux fondamentaux du FN. La fille ne veut
plus que son père brouille son message avec un antisémitisme trop voyant et un
attachement viscéral au pétainisme. Mais l’extrême droite que Marine le Pen incarne
ne vaut guère mieux : Sa préférence nationale décrédibilise sa prétention
sociale ; son islamophobie chronique contredit son adhésion à la laïcité et
masque mal sa haine de tout ce qui est différent ; sa vision autoritaire
de l’Etat est contraire à la République dont elle se réclame pourtant ; son
antimondialisme n’est pas un anticapitalisme mais un outil de combat contre les
immigrés, ceux venus du Sud, au profit d’une défense de « la civilisation occidentale,
blanche et chrétienne ».
Le prétendu
parricide, n’a pas grand-chose à voir avec la tragédie grecque. Il est le
dernier avatar d’une passation de pouvoir entre deux formes d’extrême
droite : celle du 21e siècle de Marine le Pen qui pose la
question de l’accès au pouvoir et pour y parvenir veut se débarrasser des
scories de celles que le 20e siècle a clairement condamnées. Ici
l’imposture tient dans le fait que le projet de la fille, s’il est plus
médiatique, n’a pas grand-chose à envier à celui du père. Au fond Marine le Pen
veut que tout change au FN pour rien ne change à l’extrême droite.
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