mardi 9 juin 2015

Les exclus du Panthéon

G. Anthonioz de Gaulle, Germaine Tillon, Pierre Brossolette et Jean Zay ne méritaient pas cela. Leurs dépouilles sont entrées au Panthéon de la Nation dans le cadre d’une démarche contraire aux idéaux de la résistance.
Une démarche d’exclusion d’abord. Le fait d’avoir écarté de la reconnaissance de la Nation la résistance communiste n’est pas seulement une erreur historique. C’est une faute morale et politique. Il n’est nul besoin d’insister sur le lourd tribut payé par les communistes, combattants de la première heure contre l’occupant nazi. Roger Martelli a raison de comparer cet oubli volontaire à la manière dont les staliniens « corrigeaient » les photos officielles en effaçant les personnalités en disgrâce. Faudra-t-il bientôt supprimer des livres d’histoire la place de Rol Tanguy et Kriegel-Valrimont dans la libération de Paris ? Ou débaptiser le « Danielle Casanova » ainsi que les rues de nos villes qui portent le nom des résistants communistes fusillés, morts sous la torture ou dans les camps ? Ou interdire désormais aux enseignants de faire référence au sacrifice de Guy Mocquet ?
La démarche est d’autant plus minable qu’à travers les communistes c’est la classe ouvrière que F. Hollande a refusé de panthéoniser. Cette classe ouvrière dont Françoise Mauriac a écrit qu’elle avait été « seule fidèle dans sa masse à la Nation profanée ». Au sein des ouvriers résistants un autre oubli est tout aussi scandaleux : la M. O. I. (Main d’Ouvre Immigrée) ces « étrangers et nos frères pourtant » (Aragon) qui prirent leur part dans la libération de la France. Missak Manouchian aurait mérité les honneurs de la République et de la France. « Lui qui meurs sans haine en (lui) pour le peuple allemand » a cette qualité d’être à la fois ouvrier, immigré et communiste. Mais c’est sans doute pour cela que nos gouvernants lui ont interdit l’accès au Panthéon.
Comment en effet ne pas voir dans les choix de F. Hollande un révélateur de sa vision sélective de l’histoire mais surtout du projet politique qu’il porte. La presse ne s’y est pas trompée qui a jugé son discours au Panthéon politicien et habité de basses considérables électorales.
N’est pas Malraux qui veut !
Comment se réclamer de Jean Zay et justifier les coupes sombres dans l’éducation et la culture ? Comment porter au pinacle G. Anthonioz-de Gaulle en oubliant que toute la politique actuelle fabrique le chômage et la misère qu’elle a toujours combattus ? Comment justifier le refus d’accueillir les réfugiés, transformant la méditerranée en cimetière marin, et valoriser cette grande militante de la solidarité que fut Germaine Tillon ?
Les « oublis » de F. Hollande traduisent en fait sa volonté d’exclure de la communauté nationale tous ceux qui refusent sa soumission aux diktats de la finance mondialisée comme le ralliement honteux aux dogmes libéraux. Tous ceux qui n’acceptent pas les reculs déshonorants devant les idéologies xénophobes du rejet de l’autre.
Or le véritable esprit du 11 janvier, c’est celui d’une République qui marie liberté, égalité et fraternité.
Nous ne laisserons pas F. Hollande enterrer la gauche.
Car ses oublis traduisent aussi une crainte : celle des peuples d’Europe qui, tels les grecs et les espagnols, supportent de moins en moins la loi du marché et prennent leur destin en main.
Une aube nouvelle apparait et comme l’a écrit René Char, « Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière ».
 

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