G. Anthonioz
de Gaulle, Germaine Tillon, Pierre Brossolette et Jean Zay ne méritaient pas
cela. Leurs dépouilles sont entrées au Panthéon de la Nation dans le cadre d’une
démarche contraire aux idéaux de la résistance.
Une démarche
d’exclusion d’abord. Le fait d’avoir écarté de la reconnaissance de la Nation
la résistance communiste n’est pas seulement une erreur historique. C’est une
faute morale et politique. Il n’est nul besoin d’insister sur le lourd tribut
payé par les communistes, combattants de la première heure contre l’occupant
nazi. Roger Martelli a raison de comparer cet oubli volontaire à la manière
dont les staliniens « corrigeaient » les photos officielles en
effaçant les personnalités en disgrâce. Faudra-t-il bientôt supprimer des
livres d’histoire la place de Rol Tanguy et Kriegel-Valrimont dans la
libération de Paris ? Ou débaptiser le « Danielle Casanova »
ainsi que les rues de nos villes qui portent le nom des résistants communistes
fusillés, morts sous la torture ou dans les camps ? Ou interdire désormais
aux enseignants de faire référence au sacrifice de Guy Mocquet ?
La démarche
est d’autant plus minable qu’à travers les communistes c’est la classe ouvrière
que F. Hollande a refusé de panthéoniser. Cette classe ouvrière dont Françoise
Mauriac a écrit qu’elle avait été « seule fidèle dans sa masse à la Nation
profanée ». Au sein des ouvriers résistants un autre oubli est tout aussi
scandaleux : la M. O. I. (Main d’Ouvre Immigrée) ces « étrangers et
nos frères pourtant » (Aragon) qui prirent leur part dans la libération de
la France. Missak Manouchian aurait mérité les honneurs de la République et de
la France. « Lui qui meurs sans haine en (lui) pour le peuple allemand »
a cette qualité d’être à la fois ouvrier, immigré et communiste. Mais c’est
sans doute pour cela que nos gouvernants lui ont interdit l’accès au Panthéon.
Comment en
effet ne pas voir dans les choix de F. Hollande un révélateur de sa vision
sélective de l’histoire mais surtout du projet politique qu’il porte. La presse
ne s’y est pas trompée qui a jugé son discours au Panthéon politicien et habité
de basses considérables électorales.
N’est pas
Malraux qui veut !
Comment se
réclamer de Jean Zay et justifier les coupes sombres dans l’éducation et la
culture ? Comment porter au pinacle G. Anthonioz-de Gaulle en oubliant que
toute la politique actuelle fabrique le chômage et la misère qu’elle a toujours
combattus ? Comment justifier le refus d’accueillir les réfugiés,
transformant la méditerranée en cimetière marin, et valoriser cette grande
militante de la solidarité que fut Germaine Tillon ?
Les
« oublis » de F. Hollande traduisent en fait sa volonté d’exclure de
la communauté nationale tous ceux qui refusent sa soumission aux diktats de la
finance mondialisée comme le ralliement honteux aux dogmes libéraux. Tous ceux
qui n’acceptent pas les reculs déshonorants devant les idéologies xénophobes du
rejet de l’autre.
Or le
véritable esprit du 11 janvier, c’est celui d’une République qui marie liberté,
égalité et fraternité.
Nous ne
laisserons pas F. Hollande enterrer la gauche.
Car ses
oublis traduisent aussi une crainte : celle des peuples d’Europe qui, tels
les grecs et les espagnols, supportent de moins en moins la loi du marché et
prennent leur destin en main.
Une aube
nouvelle apparait et comme l’a écrit René Char, « Il faut souffler sur
quelques lueurs pour faire de la bonne lumière ».
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