jeudi 9 juillet 2015

Suicide culturel et démission politique

Les festivals d’été se sont ouverts sous des auspices catastrophiques pour l’avenir de la culture :
-      Disparitions massives de lieux, de structures et de festivals.
-      Baisse drastique des budgets de l’Etat et des collectivités.
-      Plan social qui ne dit pas son nom dans l’emploi artistique et culturel.
Olivier Py et Philippe Torréton parlent de suicide culturel. Ils ont raison mais la métaphore du suicide peut aussi s’appliquer à la démission politique des plus hautes autorités de l’Etat.
Leur renoncement à porter une politique de gauche les conduit à abandonner toute ambition pour l’art et la culture.
Sans doute parce qu’il est déjà en campagne électorale, le Président de la République annonce sa venue au Festival d’Avignon. Il sera accompagné de la ministre de la culture qui aura marqué son ministère par son désintérêt à l’égard de la lecture et par sa passion pour les algorithmes surtout quand ils lui permettent de calculer les baisses ou les suppressions de crédit.
Pourtant le Premier Ministre qui sera aussi du voyage à Avignon a avoué que les premières années du quinquennat avait été en matière culturelle une erreur. « Errare humanum est, perseverare dialolicum » dit le proverbe latin. Car l’action gouvernementale va aggraver les pires tendances anti culturelles depuis 2003.
La sanctuarisation du budget est fictive. On a déshabillé Pierre pour habiller Paul. De plus les baisses 2013-2014 se sont cumulées avec celles déjà opérées par N. Sarkozy entre 2007 et 2012. Sanctuarisé ou pas le budget consacré à l’art et la culture est aujourd’hui exsangue.
Et ce n’est pas le projet de loi sur la création, que la profession attend depuis trois ans, qui va résoudre le problème. De l’avis du Conseil économique et social et des syndicats, il est vide de sens, d’ambition et de moyens.
Ce n’est pas non plus la loi NOTRe qui asphyxie les collectivités territoriales qui va arranger les choses. Elles qui assument 70 % de la dépense publique en matière d’art et de culture vont finalement être autorisées à poursuivre leur effort. Où pas, car les élus, de droite, d’extrême droite, et- même de « gauche », qui veulent se débarrasser de de leur budget culture ont déjà profité des atermoiements du gouvernement et de ses reculs pour le faire.
Le ministère de la culture lui-même, qui connait depuis 10 ans RGPP sur RGPP, est devenu un véritable vaisseau fantôme. Les DRAC, ces indispensables outils déconcentrés dans les territoires, ne savent plus à quoi elles servent tant elles sont désormais sans projets, sans orientations claires et… sans le sou !
Pourtant, à écouter nos gouvernants, la culture est essentielle pour penser l’après 11 Janvier, pour vivre ensemble et faire société, pour l’économie de nos villes et nos territoires ! Que faut-il y comprendre ?
La République se nie quand elle abandonne la création aux marchands, quand elle ne fait plus des droits culturels, au même titre que des droits sociaux, le socle de l’égalité, quand elle cède au populisme ambiant en refusant de reconnaitre sa propre diversité culturelle.
Et si on décrétait la mobilisation générale pour refaire de l’art et la culture le rempart contre les pensées libérales et obscurantistes, l’outil majeur du seul combat qui vaille, celui de l’émancipation humaine.

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