Vendredi 16
octobre, Assemblée plénière du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est
la dernière de la mandature et c’est ma dernière séance. Parce que le moment
est venu du renouvellement générationnel et que le non cumul de mandats
s’étend à en limiter le nombre ; parce que le moment est venu de me
consacrer à la bataille idéologique et culturelle.
La séance commence
mal. Les médias habituellement absents de nos travaux sont ce jour au nombre
de 40 pour les retrouvailles d’un grand-père et de sa petite-fille, les
Le Pen !
Ma colère
déborde quand je constate que toutes les caméras sont dirigées sur Jean-Marie
le Pen, filmant la vraie-fausse réconciliation du vieux pétainiste avec la
Maréchal (e), qu’il soutient aux régionales.
Je ne peux
m’empêcher de suggérer à un cameraman de BFM tv de remplacer le M par un N tant
je ne supporte plus la promotion permanente du FN. Il est urgent de libérer les
médias.
Heureusement
cette dernière séance ne se résume pas à cet épisode tragi-comique. Des
délibérations pour lesquelles le Front de gauche s’est battu sont votées en
faveur des réfugiés, des transports collectifs ou du logement social. Mais cela
n’intéresse pas ces médias qui ont déserté l’hémicycle. Le quotidien des
populations qui souffrent ne semble pas les concerner.
L’hémicycle
se vide, à l’exception notable des groupes Front de gauche et Verts dont les
élus sont présents jusqu’à la fin, autour de minuit.
Je reste
avec mes camarades, en remuant mes propres souvenirs des 18 années d’exercice
de mon mandat. Ce fut d’abord entre 1998 et 2010, une période de projets et de
grands débats publics parce que nous avions décidé de ne rien faire sans la
co-construction citoyenne. Pour la part de responsabilité que j’assumai, la
politique régionale en direction de l’université, la recherche et la culture,
ce fut avec tous les acteurs, l’élaboration du schéma régional de l’enseignement
supérieur et de la recherche ou encore la
tenue des assises régionales de la culture pour élaborer la délibération qui
continue d’inspirer la politique culturelle de la Région.
Ce fut aussi
les luttes, aux côtés des chercheurs pour « sauver la recherche » et des
intermittents contre les décisions de l’Etat et du Medef. Ce fut une période
créative dans beaucoup de domaines, aujourd’hui balayée par les vents
austéritaires qui soufflent fort dès 2007 sous Sarkozy puis sous Hollande à
partir de 2012.
Au point
d’avoir fait de ce dernier mandat une sorte de chemin de croix. Comment au sein
d’un exécutif régional acquis à la politique gouvernementale, défendre nos
populations et nos territoires entrés dans la spirale de la récession, du
chômage et du mal logement ? Comment le faire en n’oubliant pas de
combattre la droite et le FN, à l’affut,
parce que la politique actuelle prépare leur retour aux affaires. Nous
l’avons pourtant fait avec mes camarades du groupe Front de gauche en nous
appuyant sur le mouvement social comme sur le dialogue citoyen.
Une page se
tourne pour moi, dans cet hémicycle quasi désert de cette fin de soirée
d’automne. Je me fais la réflexion qu’il est temps, grand temps, que la gauche
trouve un nouveau souffle, social, écologique, culturel et citoyen. C’est une
tâche difficile mais exaltante qui demande à tous ceux qui s’y attèlent courage
et volonté. Je suis bien décidé à continuer d’y prendre ma part car « ceux
qui vivent, ce sont ceux qui luttent » (Victor Hugo).
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