Pour battre le Fn se rassembler c’est bien, l’affronter et le
combattre c’est mieux
On ne le fait sûrement pas en mettant le Fn au centre des
débats comme le font les médias dominants. On ne le fait pas non plus en lui
empruntant ses thèses comme le font Sarkozy depuis près de 10 ans, Valls qui
cultive un discours autoritaire et sécuritaire et même Hollande qui a revêtu
des habits de chef de guerre, installant le pays dans la peur et l’état
d’urgence. Tout cela légitime le Fn et
contribue à sa dynamique.
On ne le fait pas aussi en menant une politique qui lui sert
de terreau. Le Fn fait son miel des
peurs et des insécurités. Le cœur de son électorat est constitué par des
catégories qui ont l’angoisse du
déclassement ou qui se heurtent à la panne de l’ascenseur social. Ajoutons à cela qu’une part de la dynamique électorale du Fn est due à
l’abstention de l’électorat populaire de gauche qui sanctionne ainsi les choix
austéritaires du gouvernement. C’est dire l’urgence d’une rupture avec cette
politique.
Alors que faire ?
En premier lieu il faut que les forces progressistes de ce
pays mènent avec plus de vigueur la contre- offensive face à un Fn qui a gagné
la bataille des idées. Il s’agit de déconstruire ses fausses évidences, de
traquer ses contre-vérités et de démontrer le caractère inégalitaire,
discriminatoire et xénophobe de ses positions. Au-delà, c’est à une véritable entreprise progressiste
de reconquête d’une hégémonie culturelle qu’il faut s’atteler. Elle doit
s’adresser à l’ensemble de la société et réinventer une pensée, des valeurs,
des mots, une symbolique qui nous projettent vers un futur émancipateur qui nous fassent rêver.
Il faut ouvrir aussi le
chantier de la solidarité : il s’agit de renouer des liens fraternels pour
produire du commun dans la cité, l’entreprise, l’école, les espaces associatifs
et culturels. Il s’agit ainsi de repolitiser les enjeux, les luttes et les
aspirations, en inventant des modes citoyens d’exercice de la politique qui
intègrent et élargissent les formes partisanes dans des espaces citoyens qui
rassemblent les différences tout en les respectant, afin de construire ensemble
l’avenir.
Il faut ouvrir enfin le chantier du projet et de l’alternative.
Chantier majeur parce qu’il s’agit de forger
la trame d’un projet alternatif au néo-populisme qui nous enfoncent dans
les ténèbres, comme au néo-libéralisme qui nourrit la vague brune. Il faut
construire ensemble le projet d’une société d’émancipation qui dessine les contours du dépassement de ce
capitalisme financier, productiviste et consumériste, d’en finir avec toutes
les formes d’exploitation, de domination et d’aliénation de l’homme par
l’homme, de la femme par l’homme, de la nature par l’activité humaine ; de
penser l’émancipation à partir de l’égalité des droits, l’éradication des
discriminations et l’autonomie des individus ; le développement humain,
durable et solidaire à l’aide de l’appropriation citoyenne des biens communs et
la préservation de la planète ; la civilisation
avec le partage des savoirs, des arts et des cultures ; la révolution
citoyenne en refondant la République, la laïcité et la démocratie.
C’est en éclairant l’avenir que nous nous garderons de la
barbarie.
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