Tout a été
dit ou presque sur les risques que font peser les résultats des régionales sur
l’avenir de la gauche et de la démocratie. Après la catastrophe annoncée d’un
Fn au sommet et le « lâche soulagement » de sa non accession aux
exécutifs régionaux, beaucoup au Ps et à droite se prennent pour le Guépard de
Lampedusa : ils prétendent « tout changer pour que rien ne
change ». Cambadélis réclame avec audace une inflexion sociale et Laurent
Joffrin dans Libération conseille « de prendre des risques en
répondant à l’urgence sociale ». Ne pas le faire, écrit-il « est plus
dangereux que le risque lui-même ». Bigre! La réponse a été rapide :
le cap est maintenu a dit Valls et il n’y aura pas de coup de pouce au smic.
L’ascension du Fn, la dérive populiste d’une partie de la droite permettent aux
grandes manœuvres élyséennes pour rassembler les centristes et libéraux des deux
rives de commencer. C’est drôle plus on entend la volonté de rénover la
politique plus nous vivons le temps du cynisme et des pires manœuvres
politiciennes. Car tout ça pourquoi ? Pour continuer les mêmes politiques
libérales, austéritaires, inégalitaires et… sécuritaires, merci Daesh.
Chaque jour
le pouvoir creuse délibérément le sillon qui désespère le peuple de gauche et
ouvre un boulevard à la droite et l’extrême droite. En outre la lucidité nous
oblige à faire un constat terrible : malgré l’approfondissement de la
dérive droitière du Ps, la gauche de transformation sociale ne parvient
toujours pas à être audible, crédible et rassembleuse. D’aucuns parlent même de
l’agonie d’un Front de gauche, il est vrai, trop cartel de partis et pas assez
ouvert aux citoyens. Mais le problème
est-il bien posé ? Le FdG est-il seul en cause alors que toutes les forces
alternatives, la gauche socialiste, les Verts, le mouvement syndical,
associatif, intellectuel, les espaces citoyens là où ils existent, ne parviennent
pas plus à mobiliser et à converger vers une ambition commune, au-delà des
différences au demeurant légitime de chacun et qui peuvent devenir des
richesses si on les met en commun.
Il faut donc
faire autrement. Il me semble qu’il n’y a pas d’autres voies pour rassembler et
reconquérir le peuple que d’élaborer à des milliers de mains un projet de
société alternatif au libéralisme comme au populisme. Il doit ouvrir une
perspective neuve et émancipatrice qui fasse
rêver et propose des réponses concrètes aux urgences sociales, écologiques,
culturelles et démocratiques. Il doit permettre la construction d’une nouvelle
alliance où chacun se respecte, un nouveau Front populaire et citoyen. Il
s’agit d’avoir une candidature commune en 2017 mais au-delà de donner du sens à
un combat qui doit s’inscrire dans la durée.
Certains
doutent ou se découragent mais avons-nous le choix ? C’est cela où laisser
s’installer le face à face entre les libéraux et les populistes ; face à
face mortifère car il signifierait notre disparition du paysage politique et
surtout la disparition de toute possibilité d’avancée humaine, sociale et
écologique. C’est le sens même de notre militantisme, la poursuite de la
civilisation humaine, qui est en jeu.
Alors
redressons-nous, ne lâchons rien et remettons l’ouvrage sur le métier car
« là où croit le péril croit aussi ce qui sauve » (Hölderlin).
Bon bout
d’an et bonnes fêtes !
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