mardi 5 janvier 2016

Remettre l’ouvrage sur le métier

Tout a été dit ou presque sur les risques que font peser les résultats des régionales sur l’avenir de la gauche et de la démocratie. Après la catastrophe annoncée d’un Fn au sommet et le « lâche soulagement » de sa non accession aux exécutifs régionaux, beaucoup au Ps et à droite se prennent pour le Guépard de Lampedusa : ils prétendent « tout changer pour que rien ne change ». Cambadélis réclame avec audace une inflexion sociale et Laurent Joffrin dans Libération conseille « de prendre des risques en répondant à l’urgence sociale ». Ne pas le faire, écrit-il « est plus dangereux que le risque lui-même ». Bigre! La réponse a été rapide : le cap est maintenu a dit Valls et il n’y aura pas de coup de pouce au smic. L’ascension du Fn, la dérive populiste d’une partie de la droite permettent aux grandes manœuvres élyséennes pour rassembler les centristes et libéraux des deux rives de commencer. C’est drôle plus on entend  la volonté de rénover la politique plus nous vivons le temps du cynisme et des pires manœuvres politiciennes. Car tout ça pourquoi ? Pour continuer les mêmes politiques libérales, austéritaires, inégalitaires et… sécuritaires, merci  Daesh.
Chaque jour le pouvoir creuse délibérément le sillon qui désespère le peuple de gauche et ouvre un boulevard à la droite et l’extrême droite. En outre la lucidité nous oblige à faire un constat terrible : malgré l’approfondissement de la dérive droitière du Ps, la gauche de transformation sociale ne parvient toujours pas à être audible, crédible et rassembleuse. D’aucuns parlent même de l’agonie d’un Front de gauche, il est vrai, trop cartel de partis et pas assez ouvert aux citoyens. Mais  le problème est-il bien posé ? Le FdG est-il seul en cause alors que toutes les forces alternatives, la gauche socialiste, les Verts, le mouvement syndical, associatif, intellectuel, les espaces citoyens là où ils existent, ne parviennent pas plus à mobiliser et à converger vers une ambition commune, au-delà des différences au demeurant légitime de chacun et qui peuvent devenir des richesses si on les met en commun.
Il faut donc faire autrement. Il me semble qu’il n’y a pas d’autres voies pour rassembler et reconquérir le peuple que d’élaborer à des milliers de mains un projet de société alternatif au libéralisme comme au populisme. Il doit ouvrir une perspective neuve et émancipatrice qui  fasse rêver et propose des réponses concrètes aux urgences sociales, écologiques, culturelles et démocratiques. Il doit permettre la construction d’une nouvelle alliance où chacun se respecte, un nouveau Front populaire et citoyen. Il s’agit d’avoir une candidature commune en 2017 mais au-delà de donner du sens à un combat qui doit s’inscrire dans la durée.   
Certains doutent ou se découragent mais avons-nous le choix ? C’est cela où laisser s’installer le face à face entre les libéraux et les populistes ; face à face mortifère car il signifierait notre disparition du paysage politique et surtout la disparition de toute possibilité d’avancée humaine, sociale et écologique. C’est le sens même de notre militantisme, la poursuite de la civilisation humaine, qui est en jeu.
Alors redressons-nous, ne lâchons rien et remettons l’ouvrage sur le métier car « là où croit le péril croit aussi ce qui sauve » (Hölderlin).
Bon bout d’an et bonnes fêtes ! 

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