lundi 22 février 2016

2017, suite…


Ma chronique sur le débat à gauche autour de l’échéance présidentielle a suscité quelques remarques à propos de mes réserves à l’égard de l’initiative de J.L. Mélenchon. Le sujet est d’une importance vitale pour la gauche en 2017 et au-delà. Il est donc urgent de se mettre en mouvement afin de déjouer le piège qui nous est tendu.  Mais la démarche gaullienne empruntée par J.L.M  n’est pas à mon sens la bonne méthode. On me dit qu’il ne fait que proposer sa candidature. Fort bien. Mais alors quand et dans quel cadre va-t-on  discuter de cette proposition, d’autres éventuelles candidatures et le mode de désignation et au préalable le programme ?

 « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament » écrivait René Char. Nul n’est dépositaire de l’aventure collective du Front de gauche et de la campagne de 2012  d’autant que 2017 ne sera pas la répétition de 2012. Parce que la dérive libérale et sécuritaire de l’exécutif Hollande/Valls élargit considérablement les possibilités de rassemblement en même temps qu’elle nous impose d’assumer la gauche dans son entièreté. Il est impératif, non de tirer un trait sur le Front de gauche, ce que fait J.L.M., mais de construire avec lui un Front plus large, populaire et citoyen, social et écologique. L’ambition ne peut être de reproduire la candidature de témoignage d’une gauche radicale repliée sur elle-même mais de bousculer la donne en faisant vivre  un nouveau rassemblement.  Qui a envie de vivre le cauchemar de devoir faire barrage à M. Le Pen au 2e tour quel que soit l’autre candidat en lice ?

On me dit qu’il faut dépasser les appareils et s’adresser directement aux citoyens. Tout à fait d’accord à condition que cette démarche ne soit pas celle d’un homme seul face à des individus isolés dans le cadre illusoire d’une démocratie du Web. Il s’agit, qu’on le veuille ou non, d’une dérive plébiscitaire. Il nous faut au contraire travailler à une convergence entre des forces politiques et des mouvements citoyens fabriquant en commun des fronts d’idées, de luttes et de projets.

Là est le cœur du problème. Etre insoumis à l’ordre établi ne dit pas par quoi on le remplace. Qui fera la synthèse des débats et des propositions citoyennes ?  Le candidat seul ? Il parait que J.L.M. a déjà son programme, « l’Humain d’abord » rédigé il y a 5 ans ! Pour avoir modestement contribué à son élaboration je sais les débats qu’il a suscités et les questions non résolues qu’il contient. Quelle conception de la nation, souverainiste ou ouverte sur le monde, antimondialiste ou altermondialiste ? Faut-il sortir de l’Europe ou imposer la lutte de classes contre la finance au sein du projet européen ? Quelle conception de la citoyenneté, liée à la nationalité ou s’ouvrant au droit de résidence ? Quelle conception de l’Etat, centraliste ou décentralisée ? Quelle conception de la laïcité, exclusivement anti religieuse ou garante de la liberté de conscience, de l’égalité et de la parité, de la diversité culturelle et de la fraternité contre la division ? Faut-il s’inscrire dans une guerre des identités ou remettre le social au cœur du combat contre les logiques libérales et  populistes ? Pour lutter contre le productivisme l’écologie doit- elle relever d’une planification par le haut ou de la promotion des biens communs et de l’économie sociale et solidaire ?

Pour rassembler et unir il faut ouvrir le débat le plus largement possible et construire, ce dont nous rêvions en 2012 et que nous n’avons pas su faire, un Front populaire et citoyen de gauche. Ce ne peut être qu’une œuvre commune.

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