vendredi 19 février 2016

Travaillons au salut commun


La décision de J.L. Mélenchon d’être candidat à la présidentielle dans l’esprit antidémocratique de la 5e République, celle d’une rencontre entre un homme seul et un peuple, ajoute un peu plus à la confusion qui règne à gauche. Elle contribue au désarroi et à la désespérance d’un peuple de gauche en colère contre le pouvoir socialiste mais qui ne parvient pas à entrevoir une autre issue que la catastrophe annoncée d’un 2e tour opposant en 2017 la droite et l’extrême droite. L’heure n’est pas au casting. Et le rassemblement derrière un homme quelque que soient ses qualités ne peut se faire sans projet politique. « Il n’est pas de sauveurs suprêmes, ni Dieu, ni César, ni Tribun, travailleurs sauvons nous  nous-mêmes, travaillons au salut commun»  chante l’Internationale. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui que se développent des mouvements citoyens dans le monde pour réinventer la politique et la démocratie. Bernie Sanders est né d’ « Occupy Wall Street », Iglésias de Podémos et Tsipras de Syriza et non l’inverse. La leçon que nous avons tirée des récents échecs du Front de gauche en France est précisément de n’avoir pas su dépasser les logiques d’égos et d’appareils au profit d’une mobilisation citoyenne autour d’une visée de transformation sociale et écologique. C’est pourtant là que se trouve l’issue à la crise que connait une gauche en miettes, sans projet commun et dont une partie a rallié le camp libéral et sécuritaire.

2017 n’est pas 2012. A la dernière présidentielle dans un contexte où seul comptait la volonté de « dégager » Sarkozy, nous avons réussi avec J.L. Mélenchon à fédérer une dynamique politique antilibérale. Mais, soyons lucides, nous l’avons fait sans convaincre la majorité du peuple de gauche, particulièrement ceux qui se sont réfugiés  dans l’abstention. Or 2017 recèle un danger autrement plus vital pour la gauche : du fait des politiques menées par Hollande et Valls et de notre incapacité collective à ouvrir une alternative, la gauche risque de ne n’être plus en capacité de jouer un rôle majeur au service de notre peuple. Plus grave encore l’offre politique peut se réduire à un face à face mortifère entre les libéraux et les populistes alors qu’il s’agit des deux faces d’une même pièce, celle de la défense de l’ordre inégalitaire établi.

C’est pourquoi l’urgence en 2017 est de créer les conditions d’une nouvelle dynamique politique, un Front populaire et citoyen autour d’un projet transformateur élaboré à des milliers d’intelligences. A partir de là il s’agira, sous une forme ou une autre, de se doter d’une candidature susceptible de l’incarner et de représenter le très large spectre de la gauche qui refuse l’actuelle dérive libérale et sécuritaire :  organisations et militants du Front de gauche et de la gauche alternative, socialistes et écologistes en rupture avec le gouvernement, militants du mouvement syndical, d’ associations citoyennes, féministes, antiracistes, de défense des droits de l’homme et d’aide aux migrants, des intellectuels et des acteurs culturels… Il faut le faire sans sectarisme, en étant respectueux de chacun-e-, ouvert à la diversité qui caractérise ce rassemblement indispensable au difficile combat qui nous attend. C’est dans ce cadre collectif que toutes les volontés doivent s’exprimer y compris celle de J.L. Mélenchon.

Comme l’a écrit Maud Vergnol dans l’Humanité la question est de savoir si nous voulons chanter « un solo funèbre ou un chœur victorieux ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire