lundi 14 mars 2016

Réfugiés : l’Europe toute honte bue


En septembre 2015 J.C. Junker présentait un plan pour accueillir dignement et répartir équitablement les réfugiés qui fuient les guerres et les violences. Il était insuffisant mais conforme aux conventions internationales sur le droit d’asile. Ce plan n’a jamais été respecté. Aujourd’hui ce qui domine c’est le rejet, l’érection de murs, l’obsession identitaire, la fuite en avant sécuritaire, inhumaine et inefficace. Les Etats membres, à quelques exceptions près (l’Allemagne, la Suède et la Grèce que l’Europe met dans une situation impossible), ne respectent plus le traité de Schengen et la Commission, intraitable quand il s’agit des déficits publics, n’y trouve rien à redire. Les réfugiés sont devenus des voleurs d’aides sociales et d’emplois, des violeurs de femmes et d’identités, des terroristes en puissance.

Le projet d’accord Europe -Turquie va « signer l’arrêt de mort du droit d’asile en Europe » (Amnesty International) et celui d’une Europe solidaire et respectueuse des droits humains. Une distinction très aléatoire entre migrants et réfugiés va permettre à l’Europe de renvoyer les premiers vers la Turquie qui gardera aussi les seconds, elle qui a déjà sur son territoire près de 3 millions de réfugiés. Elle recevra 3 milliards d’Euro pour faire le sale boulot de protéger nos frontières. En échange, son processus d’adhésion à l’Europe est réactivé en mettant une sourdine aux critiques sur le non-respect des droits de l’homme et de la femme, sur le comportement des turcs à l’égard des kurdes sans oublier le génocide arménien. La France de Hollande et Valls se distingue par son acharnement à imposer cet accord inique.

Etienne Balibar montre que le mouvement des réfugiés n’est pas  temporaire mais de longue durée. C’est une crise systémique liée aux formes nouvelles du capitalisme mondialisé. L’ampleur du désastre actuel est concomitante des guerres menées par l’Occident qui ravagent l’Afrique, le Moyen Orient et l’Asie depuis 20 ans avec des effets économiques, sociaux et environnementaux tragiques. C’est cette violence généralisée ajoutée à la pauvreté chronique issue du colonialisme et de l’impérialisme qui nourrit djihadisme comme le flux permanent des réfugiés en direction de l’Europe. Ce qu’Alain Badiou nomme le « désir d’occident » n’est qu’une formidable aspiration de ces peuples à la sécurité et à une vie décente. Mais il se heurte à une Europe du chacun pour soi, dominé par un libéralisme égoïste et de plus en plus par un néo-populisme qui produisent ensemble le rétablissement des frontières, la montée des peurs et des racismes. Xénophobie intra européenne avec le refus de la libre circulation  prévu par les traités va de pair avec une xénophobie extra européenne anti immigré, islamophobe et négrophobe. Si l’on ajoute à cela le démantèlement par l’Europe libérale, au nom de la concurrence libre et non faussée, des protections et des droits sociaux conquis par les travailleurs de chaque pays, on comprend mieux la montée des droites extrêmes en Europe.

Tout cela est mortifère pour notre continent. Il n’y a qu’une seule solution et un seul combat à mener : construire une Europe sociale et solidaire contre tous les nationalismes, une Europe fraternelle contre tous les racismes, une Europe de la paix ouverte sur le monde.

  

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