En septembre 2015 J.C. Junker présentait un plan pour
accueillir dignement et répartir équitablement les réfugiés qui fuient les
guerres et les violences. Il était insuffisant mais conforme aux conventions
internationales sur le droit d’asile. Ce plan n’a jamais été respecté.
Aujourd’hui ce qui domine c’est le rejet, l’érection de murs, l’obsession
identitaire, la fuite en avant sécuritaire, inhumaine et inefficace. Les Etats
membres, à quelques exceptions près (l’Allemagne, la Suède et la Grèce que
l’Europe met dans une situation impossible), ne respectent plus le traité de
Schengen et la Commission, intraitable quand il s’agit des déficits publics,
n’y trouve rien à redire. Les réfugiés sont devenus des voleurs d’aides
sociales et d’emplois, des violeurs de femmes et d’identités, des terroristes
en puissance.
Le projet d’accord Europe -Turquie va « signer l’arrêt
de mort du droit d’asile en Europe » (Amnesty International) et celui
d’une Europe solidaire et respectueuse des droits humains. Une distinction très
aléatoire entre migrants et réfugiés va permettre à l’Europe de renvoyer les
premiers vers la Turquie qui gardera aussi les seconds, elle qui a déjà sur son
territoire près de 3 millions de réfugiés. Elle recevra 3 milliards d’Euro pour
faire le sale boulot de protéger nos frontières. En échange, son processus
d’adhésion à l’Europe est réactivé en mettant une sourdine aux critiques sur le
non-respect des droits de l’homme et de la femme, sur le comportement des turcs
à l’égard des kurdes sans oublier le génocide arménien. La France de Hollande
et Valls se distingue par son acharnement à imposer cet accord inique.
Etienne Balibar montre que le mouvement des réfugiés n’est
pas temporaire mais de longue durée.
C’est une crise systémique liée aux formes nouvelles du capitalisme mondialisé.
L’ampleur du désastre actuel est concomitante des guerres menées par l’Occident
qui ravagent l’Afrique, le Moyen Orient et l’Asie depuis 20 ans avec des effets
économiques, sociaux et environnementaux tragiques. C’est cette violence
généralisée ajoutée à la pauvreté chronique issue du colonialisme et de
l’impérialisme qui nourrit djihadisme comme le flux permanent des réfugiés en
direction de l’Europe. Ce qu’Alain Badiou nomme le « désir
d’occident » n’est qu’une formidable aspiration de ces peuples à la
sécurité et à une vie décente. Mais il se heurte à une Europe du chacun pour
soi, dominé par un libéralisme égoïste et de plus en plus par un néo-populisme
qui produisent ensemble le rétablissement des frontières, la montée des peurs et
des racismes. Xénophobie intra européenne avec le refus de la libre circulation
prévu par les traités va de pair avec une
xénophobie extra européenne anti immigré, islamophobe et négrophobe. Si l’on
ajoute à cela le démantèlement par l’Europe libérale, au nom de la concurrence
libre et non faussée, des protections et des droits sociaux conquis par les
travailleurs de chaque pays, on comprend mieux la montée des droites extrêmes
en Europe.
Tout cela est mortifère pour notre continent. Il n’y a qu’une
seule solution et un seul combat à mener : construire une Europe sociale
et solidaire contre tous les nationalismes, une Europe fraternelle contre tous
les racismes, une Europe de la paix ouverte sur le monde.
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