mardi 29 mars 2016

L’Europe en proie au national-populisme




 

Les résultats obtenus par le parti d’extrême-droite allemand, l’AfD, aux élections dans trois Lands confirment une fois de plus la poussée en Europe des forces nationales- populistes. D’autant que l’AfD ne progresse pas uniquement du fait de la politique d’accueil des réfugiés. Son score en Saxe montre que les politiques libérales et austéritaires menées par la coalition CDU/SPD de A. Merkel sont aussi en cause dans le sentiment d’abandon exprimé par les classes populaires dans un pays dont on vante pourtant la prospérité. Ces résultats viennent après ceux de Slovaquie où un parti nationaliste est entré au parlement pour la première fois. Des forces de même nature sont parvenues au pouvoir en Hongrie et en Pologne ou bien se sont  installé dans le paysage politique comme en France (le FN entre 25% et 28 %), en Autriche (le FPÖ à 25%), au Danemark (le PPD à 18,6%), en Finlande (le VF à 18%), en GB (l’UKIP à 18%), en Suède (le PD à 16%), aux Pays-Bas (le PVV à 13%) auquel il faut ajouter 2 partis néofascistes, Aube Dorée en Grèce et Jobbik en Hongrie. 2 spectres hantent l’Europe en ce début de 21e siècle. Il faut les affronter ensemble car ils sont les 2 faces d’une même pièce, celle de l’ordre capitaliste : le libéralisme austéritaire qui fait des ravages sociaux partout et le national-populisme qui, s’appuyant sur les peurs, veut lui substituer une politique tout aussi antisociale, basée sur le repli identitaire et xénophobe, le rejet de l’Europe et un pouvoir autoritaire. Dans la plupart de ces pays, en France notamment, les forces populistes ont réussi à se placer au centre du débat politique en imposant leurs thèmes de prédilection: la haine des migrants et l’islamophobie, la déchéance de nationalité et un populisme culturel liberticide. Le monde intellectuel est atteint où nous sommes passés de Zola à Zemmour, d’Aragon à Houellebecq et de Sartre à Finkelkraut. Le piège qui nous est tendu est clair : réduire le paysage politique et idéologique à un affrontement entre ces 2 courants en marginalisant la gauche de transformation. Comment le déjouer? Surement pas en ralliant les libéraux, encore moins en inventant un oxymore, le populisme de « gauche », un mélange de souverainisme anti européen, de républicanisme étatiste ou de laïcisme d’exclusion. La seule voie possible est plus exigeante : elle nous oblige à écrire à des millions de mains un nouveau récit émancipateur social, écologique, pacifique et citoyen ; à entreprendre la fabrique d’un commun fondée sur le partage du travail et des richesses, des savoirs et des technologies, des imaginaires et des cultures; à renouveler nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité à l’aune d’un féminisme absolue, d’une autonomie imprescriptible des individus, d’une démocratie résolument citoyenne, d’une république et d’une laïcité refusant tous les racismes et promouvant autant l’unité que la diversité des  peuples. En France, en Europe et dans le monde.

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