Les
résultats obtenus par le parti d’extrême-droite allemand, l’AfD, aux élections
dans trois Lands confirment une fois de plus la poussée en Europe des forces
nationales- populistes. D’autant que l’AfD ne progresse pas uniquement du fait
de la politique d’accueil des réfugiés. Son score en Saxe montre que les
politiques libérales et austéritaires menées par la coalition CDU/SPD de A.
Merkel sont aussi en cause dans le sentiment d’abandon exprimé par les classes
populaires dans un pays dont on vante pourtant la prospérité. Ces résultats
viennent après ceux de Slovaquie où un parti nationaliste est entré au
parlement pour la première fois. Des forces de même nature sont parvenues au
pouvoir en Hongrie et en Pologne ou bien se sont installé dans le paysage politique comme en
France (le FN entre 25% et 28 %), en Autriche (le FPÖ à 25%), au Danemark
(le PPD à 18,6%), en Finlande (le VF à 18%), en GB (l’UKIP à 18%), en Suède (le
PD à 16%), aux Pays-Bas (le PVV à 13%) auquel il faut ajouter 2 partis
néofascistes, Aube Dorée en Grèce et Jobbik en Hongrie. 2 spectres hantent
l’Europe en ce début de 21e siècle. Il faut les affronter ensemble
car ils sont les 2 faces d’une même pièce, celle de l’ordre capitaliste :
le libéralisme austéritaire qui fait des ravages sociaux partout et le
national-populisme qui, s’appuyant sur les peurs, veut lui substituer une
politique tout aussi antisociale, basée sur le repli identitaire et xénophobe, le
rejet de l’Europe et un pouvoir autoritaire. Dans la plupart de ces pays, en
France notamment, les forces populistes ont réussi à se placer au centre du
débat politique en imposant leurs thèmes de prédilection: la haine des migrants
et l’islamophobie, la déchéance de nationalité et un populisme culturel
liberticide. Le monde intellectuel est atteint où nous sommes passés de
Zola à Zemmour, d’Aragon à Houellebecq et de Sartre à Finkelkraut. Le piège qui
nous est tendu est clair : réduire le paysage politique et idéologique à
un affrontement entre ces 2 courants en marginalisant la gauche de
transformation. Comment le déjouer? Surement pas en ralliant les libéraux,
encore moins en inventant un oxymore, le populisme de « gauche », un
mélange de souverainisme anti européen, de républicanisme étatiste ou de
laïcisme d’exclusion. La seule voie possible est plus exigeante : elle
nous oblige à écrire à des millions de mains un nouveau récit émancipateur
social, écologique, pacifique et citoyen ; à entreprendre la fabrique d’un
commun fondée sur le partage du travail et des richesses, des savoirs et des
technologies, des imaginaires et des cultures; à renouveler nos valeurs de
liberté, d’égalité et de fraternité à l’aune d’un féminisme absolue, d’une
autonomie imprescriptible des individus, d’une démocratie résolument citoyenne,
d’une république et d’une laïcité refusant tous les racismes et promouvant
autant l’unité que la diversité des
peuples. En France, en Europe et dans le monde.
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