lundi 18 avril 2016

La démocratie debout !


Le mouvement #NuitDebout partout en France et même ailleurs en Europe, ne cesse de nous interpeller. Le vent se lève ? Nous sommes nombreux à l’espérer en même temps qu’il faut se retenir de surinterpréter un processus qui n’est qu’à l’aube de son histoire et qui veut s’inscrire dans la durée. Sa filiation avec les indignés est évidente mais sa prise de distance légitime vis-à-vis de la politique institutionnelle et de toute instrumentalisation, ne l’empêche pas d’être un mouvement fondamentalement politique. Parce qu’il  pose des questions de longue portée en termes de projet de société et de refondation citoyenne de la République et de la politique. J’ai été frappé d’entendre un de ses animateurs faire un parallèle entre leur ambition et celle du CNR à la libération.

Mais c’est maintenant que ça se passe et les débats qui s’y déroulent affirme clairement l’hostilité de ce mouvement à la politique gouvernementale. Il participe ainsi aux côtés des syndicats à l’action pour exiger le retrait de la loi travail.  J.C Cambadélis ne s’y est pas trompé qui, après avoir parlé de « printemps de la repolitisation », s’en méfie désormais. Sa bienveillance a laissé la place à une franche hostilité et la maire de Paris  n’hésite plus à faire appel aux CRS pendant que F. Fillon demande l’interdiction de ces rassemblements au nom de l’état d’urgence et le FN exige sa dissolution !

L’avenir de ce mouvement sera l’œuvre de ses acteurs et on peut souhaiter que les efforts en cours pour l’élargir à la jeunesse des quartiers populaires réussissent. C’est essentiel si on s’interroge sur les raisons de son émergence. Il est évident que la lutte contre la loi El Khomri en a été le déclic et on peut penser que les difficultés sociales d’une grande partie de la jeunesse, celle des cités comme celle des lycées et des universités, en forment le terreau  essentiel : près d’un quart des 18/24 ans sont d’ores et déjà au chômage et vivent dans la pauvreté alors que la précarité frappe ou attend une majorité d’entre eux. Ces jeunes savent bien que l’inégalité et la violence sociale atteignent des proportions insupportables. Ils n’acceptent pas le « no futur » que dessinent les politiques d’austérité mises en œuvre par la droite et le PS depuis des années. Ils refusent d’être une génération sacrifiée et Ils savent bien que leurs rêves risquent de se briser contre les murs mondialisés de la finance et de la haine.

Enfin on peut penser que la crise de la politique joue un rôle non négligeable dans cette prise de conscience. Singulièrement les divisions de la gauche alternative et son incapacité à offrir une issue crédible à la crise et peut être surtout une réponse à la perte de sens que le pays connait. C’est en effet de ce côté là que se situe la philosophie de ce mouvement. Il suffit pour s’en convaincre d’entendre les propos tenus sur ces places à propos des réfugiés, de l’austérité, de l’état d’urgence, de l’écologie ou de la paix dans le monde. Il  y a donc urgence à se mettre à leur écoute.

 

 

 

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