Le mouvement #NuitDebout partout en France et même ailleurs
en Europe, ne cesse de nous interpeller. Le vent se lève ? Nous sommes
nombreux à l’espérer en même temps qu’il faut se retenir de surinterpréter un
processus qui n’est qu’à l’aube de son histoire et qui veut s’inscrire dans la
durée. Sa filiation avec les indignés est évidente mais sa prise de distance légitime
vis-à-vis de la politique institutionnelle et de toute instrumentalisation, ne
l’empêche pas d’être un mouvement fondamentalement politique. Parce qu’il pose des questions de longue portée en termes
de projet de société et de refondation citoyenne de la République et de la
politique. J’ai été frappé d’entendre un de ses animateurs faire un parallèle
entre leur ambition et celle du CNR à la libération.
Mais c’est maintenant que ça se passe et les débats qui s’y
déroulent affirme clairement l’hostilité de ce mouvement à la politique gouvernementale.
Il participe ainsi aux côtés des syndicats à l’action pour exiger le retrait de
la loi travail. J.C Cambadélis ne s’y
est pas trompé qui, après avoir parlé de « printemps de la
repolitisation », s’en méfie désormais. Sa bienveillance a laissé la place
à une franche hostilité et la maire de Paris n’hésite plus à faire appel aux CRS pendant
que F. Fillon demande l’interdiction de ces rassemblements au nom de l’état
d’urgence et le FN exige sa dissolution !
L’avenir de ce mouvement sera l’œuvre de ses acteurs et on
peut souhaiter que les efforts en cours pour l’élargir à la jeunesse des
quartiers populaires réussissent. C’est essentiel si on s’interroge sur les
raisons de son émergence. Il est évident que la lutte contre la loi El Khomri
en a été le déclic et on peut penser que les difficultés sociales d’une grande
partie de la jeunesse, celle des cités comme celle des lycées et des
universités, en forment le terreau essentiel : près d’un quart des 18/24 ans
sont d’ores et déjà au chômage et vivent dans la pauvreté alors que la
précarité frappe ou attend une majorité d’entre eux. Ces jeunes savent bien que
l’inégalité et la violence sociale atteignent des proportions insupportables.
Ils n’acceptent pas le « no futur » que dessinent les politiques
d’austérité mises en œuvre par la droite et le PS depuis des années. Ils
refusent d’être une génération sacrifiée et Ils savent bien que leurs rêves
risquent de se briser contre les murs mondialisés de la finance et de la haine.
Enfin on peut penser que la crise de la politique joue un
rôle non négligeable dans cette prise de conscience. Singulièrement les divisions
de la gauche alternative et son incapacité à offrir une issue crédible à la
crise et peut être surtout une réponse à la perte de sens que le pays connait. C’est
en effet de ce côté là que se situe la philosophie de ce mouvement. Il suffit
pour s’en convaincre d’entendre les propos tenus sur ces places à propos des
réfugiés, de l’austérité, de l’état d’urgence, de l’écologie ou de la paix dans
le monde. Il y a donc urgence à se
mettre à leur écoute.
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