Dans un entretien au Monde Mme Badinter s’en prend une
nouvelle fois à cette « partie de la gauche imprégnée de l’idée que toutes les
cultures se valent » et qui refuse d’interdire aux femmes musulmanes de porter le voile. Mais Mme Badinter
curieusement ne trouve rien à redire aux femmes juives orthodoxes qui portent
perruques et bas ou encore aux Sœurs catholiques qui officient la tête couverte
dans les hôpitaux ou les écoles confessionnelles. Dans le même entretien elle absout
l’église face au scandale des prêtres pédophiles et n’a pas le moindre mot
contre l’homophobie de la manif pour tous.
Sa critique ne porte que sur l’Islam. Elle revendique même
son islamophobie, suivie en cela par M.
Valls. Mais l’islamophobie comme l’antisémitisme et tous les racismes sont des
rapports de domination à l’encontre de populations érigées en bouc émissaire.
Cette haine ne se nourrit pas de la
religion des groupes concernés même si c’est le motif invoqué. Rappelons que pendant
des siècles les antisémites justifiaient leur judéophobie en accusant les juifs
d’avoir assassiné le Christ. Ils leur imposèrent les métiers de l’usure tout en
attribuant à leurs textes sacrés une prétendue passion pour l’argent !
Aujourd’hui il n’est pas plus acceptable
de justifier l’antisémitisme du fait des politiques d’occupation de la
Palestine par Israël que de tolérer l’islamophobie du fait des attentats commis
par Daesh.
Ma conception de la laïcité suppose de mener le combat contre
toutes les formes de racisme en même temps qu’elle nous impose le respect
absolu de la liberté de conscience de chacun-e-, comme la stricte séparation des églises et de
l’état. Contrairement à ce que prétend Mme Badinter, ce n’est pas au nom du
communautarisme ou du différencialisme que la gauche doit défendre les minorités
racisées et discriminées mais au nom de l’égalité républicaine.
Cessons de nous cacher derrière un universalisme abstrait et
arrêtons de croire que les croyances peuvent
se dissoudre dans la loi et les interdits. On sait que le soviétisme
antireligieux a permis aux églises de devenir le refuge de la lutte contre
l’oppression. Le féminisme comme tous les combats émancipateurs, n’est pas
seulement affaire de lois, c’est d’abord une question de débat, de conviction,
de combats communs, ce qui suppose le respect de l’autre, de sa dignité et de
son histoire.
C’est dans le rassemblement transformateur, unitaire et solidaire,
que nous contribuerons aux luttes de libération des femmes de culture et de
confession musulmane. Comme à celles de toutes les autres. Songeons aussi à tous
ces jeunes français, garçons et filles, perdus dans la délinquance et/ou le
djihad, que la République a abandonné dans les territoires de l’exclusion. C’est à un avenir commun d’égalité, de liberté
et de fraternité que nous devons les inviter.
Mais ce n’est pas la définition de la laïcité selon Mme
Badinter, actionnaire principale de Publicis, 1e groupe mondial de communication
et conseiller de l’Arabie Saoudite.
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