lundi 25 avril 2016

L’OM aux marseillais !


La crise que traverse l’OM n’est ni la première ni la dernière. Marseille fait partie de ces villes  où le football tient une place immense. La passion qui entoure l’OM s’exprime  au Vélodrome, miroir de la ville. La joie les soirs de victoire, la tristesse et la colère quand tout va mal. Aujourd’hui le désamour, la violence mais aussi la facétie sont révélateurs de cette passion qui unit la ville à son club. C’est la confirmation que L’OM est en quelque sorte une métaphore de Marseille et des marseillais. Dans une ville populaire où les banlieues tiennent dans les murs de la commune,  l’adhésion à l’OM est un facteur d’intégration, un ciment symbolique et unificateur d’une population que tout divise : origines sociales et ethniques, appartenances territoriales, choix politiques. Ce ciment  s’exerce face à l’adversité : la mauvaise réputation persistante de Marseille, ville dit-on de toutes les insécurités,  les pauvretés et les magouilles politiques, mais surtout, ville rebelle à l’autorité centrale!  Marseille a toujours fait vivre sa singularité. Aujourd’hui  en crise  profonde, sa colère s’exprime  dans de puissantes manifestations de rue et le stade n’est pas le dernier lieu où elle s’entend. La venue du PSG, dominateur depuis les qataries, suscite plus que jamais des slogans hostiles. On lui oppose les « marseillais, marseillais, marseillais ! » qui se proclament fiers de l’être, fiers d’être populaires et cosmopolites.

L’OM incarne une manière d’être, une représentation de soi, un style qui se cristallise  dans la devise du club « droit au but ». A Marseille on n’aime pas le football savant  mais un jeu fantasque, spectaculaire et offensif, des attaquants qui marquent d’instinct ou des ailiers déroutants et rapides, des joueurs pas forcément élégants mais qui « mouillent le maillot ». On n’aime pas les systèmes défensifs et les entraineurs trop rigoureux  n’ont pas duré. A l’exception notable des « minots » des années 80,  Marseille a toujours fait appel aux vedettes étrangères et délaissés les Tigana, Cantona, Zidane. Les dirigeants qui ont incarné cet imaginaire de l’altérité, du défi et du théâtre, ont eu les faveurs des supporters. C’est dire à quel point l’OM d’aujourd’hui ne correspond absolument pas à cette symbolique. Une propriétaire « absente », un président « comptable » et qui « ne connaissent rien au football »,  une équipe et des joueurs moyens, des résultats catastrophiques, décidément le compte n’y est pas. Pourtant l’OM dispose d’un budget conséquent, d’un public en or, d’un stade et d’un centre d’entrainement dignes des plus grands clubs européens. Le problème ? L’absence d’une gestion intègre au service d’un vrai projet sportif.

Certains rêvent de magnats du Golfe. Mais la solution n’est-elle pas plutôt dans une appropriation populaire du club par les marseillais sur le modèle du  « Barça », propriété de 120000 « socios »  qui élisent leur président. Ce serait une manière  de se distinguer une fois de plus de la capitale !

 

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