La crise que traverse l’OM n’est ni la première ni la
dernière. Marseille fait partie de ces villes où le football tient une place immense. La
passion qui entoure l’OM s’exprime au Vélodrome,
miroir de la ville. La joie les soirs de victoire, la tristesse et la colère
quand tout va mal. Aujourd’hui le désamour, la violence mais aussi la facétie
sont révélateurs de cette passion qui unit la ville à son club. C’est la
confirmation que L’OM est en quelque sorte une métaphore de Marseille et des
marseillais. Dans une ville populaire où les banlieues tiennent dans les murs de
la commune, l’adhésion à l’OM est un
facteur d’intégration, un ciment symbolique et unificateur d’une population que
tout divise : origines sociales et ethniques, appartenances territoriales,
choix politiques. Ce ciment s’exerce
face à l’adversité : la mauvaise réputation persistante de Marseille,
ville dit-on de toutes les insécurités, les
pauvretés et les magouilles politiques, mais surtout, ville rebelle à l’autorité
centrale! Marseille a toujours fait
vivre sa singularité. Aujourd’hui en
crise profonde, sa colère s’exprime dans de puissantes manifestations de rue et le
stade n’est pas le dernier lieu où elle s’entend. La venue du PSG, dominateur
depuis les qataries, suscite plus que jamais des slogans hostiles. On lui
oppose les « marseillais, marseillais, marseillais ! » qui se
proclament fiers de l’être, fiers d’être populaires et cosmopolites.
L’OM incarne une manière d’être, une représentation de soi,
un style qui se cristallise dans la
devise du club « droit au but ». A Marseille on n’aime pas le
football savant mais un jeu fantasque,
spectaculaire et offensif, des attaquants qui marquent d’instinct ou des
ailiers déroutants et rapides, des joueurs pas forcément élégants mais qui
« mouillent le maillot ». On n’aime pas les systèmes défensifs et les
entraineurs trop rigoureux n’ont pas
duré. A l’exception notable des « minots » des années 80, Marseille a toujours fait appel aux vedettes
étrangères et délaissés les Tigana, Cantona, Zidane. Les dirigeants qui ont incarné
cet imaginaire de l’altérité, du défi et du théâtre, ont eu les faveurs des
supporters. C’est dire à quel point l’OM d’aujourd’hui ne correspond absolument
pas à cette symbolique. Une propriétaire « absente », un président «
comptable » et qui « ne connaissent rien au football », une
équipe et des joueurs moyens, des résultats catastrophiques, décidément le
compte n’y est pas. Pourtant l’OM dispose d’un budget conséquent, d’un public en
or, d’un stade et d’un centre d’entrainement dignes des plus grands clubs
européens. Le problème ? L’absence d’une gestion intègre au service d’un
vrai projet sportif.
Certains rêvent de magnats du Golfe. Mais la solution
n’est-elle pas plutôt dans une appropriation populaire du club par les
marseillais sur le modèle du
« Barça », propriété de 120000 « socios » qui élisent leur président. Ce serait une
manière de se distinguer une fois de
plus de la capitale !
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