Les
grandes manœuvres pour sauver le soldat Hollande ont commencé. Après le flop de
« la belle alliance populaire » de Cambadélis et le fiasco du
ridicule « Eh Oh la gauche » de Le Foll, voilà maintenant que le
principal intéressé est contraint de monter au créneau. Sous l’égide de la
fondation Jean Jaurès et devant un parterre d’obligés nous avons donc eu droit
à un plaidoyer pro domo aussi pathétique que malhonnête. En effet, oser
comparer son action à celle du Front populaire relève d’une démarche
mystificatrice et révisionniste. Sous la pression d’un mouvement social
exceptionnel, le Front populaire a réduit le temps de travail alors que Hollande
s’acharne à en finir avec les 35h. Le Front populaire a augmenté le pouvoir d’achat
des travailleurs, amélioré leur condition de vie en particulier en créant les
congés payés alors que Hollande démantèle tous les conquis sociaux jusqu’au
code du travail et bloque toute augmentation du smic et des salaires en
général. Et ce ne sont pas les quelques miettes lâchées à usage électoral qui
changent quoique que ce soit à cette constante. D’autant qu’à cela, s’ajoute
l’augmentation vertigineuse du chômage, la tolérance à l’égard des revenus
mirobolants des patrons et la passivité vis-à-vis d’une évasion fiscale à la
hauteur du fameux déficit public sans cesse invoqué pour culpabiliser les
français-e-s. Etre à l’origine d’une régression sociale sans précédent, avoir
tenté de constitutionaliser l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, ne
pas hésiter à criminaliser l’action syndicale et matraquer les manifestants qui
s’opposent à sa politique interdit désormais à F. Hollande de se réclamer de la
gauche et de s’inscrire dans sa filiation. Il est d’ailleurs symptomatique que
dans son inventaire des réalisations de la gauche, il ne fasse jamais référence
à la mise en œuvre du programme du CNR à la Libération : création de la sécurité
sociale et des services publics, droit de vote et d’éligibilité des femmes, statut
démocratique de la fonction publique… Parce qu’à l’origine de ces avancées
progressistes il y avait des ministres communistes ? Sans doute mais
surtout parce que sa politique a pour ambition de prendre le contre pied de cette histoire. Le prétendu
virage à gauche qu’il serait en train d’opérer et auquel Libération applaudit
sans trop y croire, ne changera rien à la donne. Comme l’affirme G. Grunberg,
politiste reconnu et néanmoins socialiste, « sa défaite est
inéluctable ».
Il
y a donc urgence à reconstruire la gauche de demain, celle du 21è siècle. Elle
doit impérativement être sociale, écologique, féministe, démocratique et
pacifique. Elle doit rassembler tous ceux qui veulent tourner la page des
renoncements et des soumissions à la loi de l’argent comme à celle de la
division. Elle doit mettre en débat citoyen le chantier d’une politique
alternative. En ne mettant pas la charrue avant les bœufs : d’abord les
idées et le programme, les candidats ensuite. De ce point de vue l’appel des
100 me parait une initiative bien venue.
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