lundi 9 mai 2016

La déchéance de Hollande


Les grandes manœuvres pour sauver le soldat Hollande ont commencé. Après le flop de « la belle alliance populaire » de Cambadélis et le fiasco du ridicule « Eh Oh la gauche » de Le Foll, voilà maintenant que le principal intéressé est contraint de monter au créneau. Sous l’égide de la fondation Jean Jaurès et devant un parterre d’obligés nous avons donc eu droit à un plaidoyer pro domo aussi pathétique que malhonnête. En effet, oser comparer son action à celle du Front populaire relève d’une démarche mystificatrice et révisionniste. Sous la pression d’un mouvement social exceptionnel, le Front populaire a réduit  le temps de travail alors que Hollande s’acharne à en finir avec les 35h. Le Front populaire a augmenté le pouvoir d’achat des travailleurs, amélioré leur condition de vie en particulier en créant les congés payés alors que Hollande démantèle tous les conquis sociaux jusqu’au code du travail et bloque toute augmentation du smic et des salaires en général. Et ce ne sont pas les quelques miettes lâchées à usage électoral qui changent quoique que ce soit à cette constante. D’autant qu’à cela, s’ajoute l’augmentation vertigineuse du chômage, la tolérance à l’égard des revenus mirobolants des patrons et la passivité vis-à-vis d’une évasion fiscale à la hauteur du fameux déficit public sans cesse invoqué pour culpabiliser les français-e-s. Etre à l’origine d’une régression sociale sans précédent, avoir tenté de constitutionaliser l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, ne pas hésiter à criminaliser l’action syndicale et matraquer les manifestants qui s’opposent à sa politique interdit désormais à F. Hollande de se réclamer de la gauche et de s’inscrire dans sa filiation. Il est d’ailleurs symptomatique que dans son inventaire des réalisations de la gauche, il ne fasse jamais référence à la mise en œuvre du programme du CNR à la Libération : création de la sécurité sociale et des services publics, droit de vote et d’éligibilité des femmes, statut démocratique de la fonction publique… Parce qu’à l’origine de ces avancées progressistes il y avait des ministres communistes ? Sans doute mais surtout parce que sa politique a pour ambition de prendre  le contre pied de cette histoire. Le prétendu virage à gauche qu’il serait en train d’opérer et auquel Libération applaudit sans trop y croire, ne changera rien à la donne. Comme l’affirme G. Grunberg, politiste reconnu et néanmoins socialiste, « sa défaite est inéluctable ».

Il y a donc urgence à reconstruire la gauche de demain, celle du 21è siècle. Elle doit impérativement être sociale, écologique, féministe, démocratique et pacifique. Elle doit rassembler tous ceux qui veulent tourner la page des renoncements et des soumissions à la loi de l’argent comme à celle de la division. Elle doit mettre en débat citoyen le chantier d’une politique alternative. En ne mettant pas la charrue avant les bœufs : d’abord les idées et le programme, les candidats ensuite. De ce point de vue l’appel des 100 me parait une initiative bien venue.

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