Une chronique hebdomadaire doit s’inspirer de l’actualité
pour tenter de lui donner du sens. Or cette semaine a été marqué par deux faits :
la décision de F. Hollande et M. Valls, avec le 49.3 d’imposer la loi travail et la dénonciation
des pratiques de harcèlement sexuel du député Baupin par des élues et des
collaboratrices du parti écologiste. Fallait-il faire un choix ? J’ai
préféré m’interroger sur les liens entre ces deux faits plus nombreux que ce
que l’on croit.
La loi travail est l’expression d’une volonté d’aggraver la
domination du capital sur le travail, l’exploitation des salariés par les
patrons au sein d’un capitalisme aveugle
à toute autre considération que ses profits. Le sexisme, dans le monde
politique comme ailleurs révèle lui aussi un rapport de domination, celui des
femmes par les hommes au sein d’une société moins « évoluée » qu’on ne
le dit.
Ces deux formes de domination s’exercent parce qu’elles
s’appuient sur un double déni.
-Le déni de la démocratie : l’utilisation du 49.3 est un
véritable coup d’état démocratique. Il est révélateur de la tentation
totalitaire qui travaille un capitalisme incapable de faire partager sa vision
inégalitaire du monde. Globalisé et financiarisé à l’extrême il tente d’effacer
la politique et donc la démocratie au profit d’une gestion technocratique basée
sur ses critères.
De même le sexisme prolifère sur la crise de notre République
et le recul des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, le délitement
du politique. Ce n’est pas un hasard si le harcèlement sexuel est apparu
insupportable à des femmes militantes ou élues d’un parti censé défendre ces
valeurs et si ces faits se déroulent au sein d’un parlement où siègent une
majorité écrasante d’hommes, caricature d’une « représentation
nationale » antidémocratique. Mais le sexisme s’exercent partout où les
femmes subissent des rapports d’autorité, dans la famille comme dans le monde
du travail.
-Le déni d’humanité : la loi de l’argent érigée en dogme, la recherche effrénée, jusqu’à la guerre, du
profit, l’exacerbation de la spéculation financière et de l’évasion fiscale, la
prédation qu’exercent productivisme et
consumérisme aliènent profondément l’humain au capital, dans son être comme
dans sa relation à la nature. Comme une sorte de double peine, les femmes qui
forment la moitié de l’humanité sont aliénées au patriarcat. Au sein du couple,
où la violence s’impose trop souvent ; dans le monde professionnel où les
femmes subissent surexploitation, temps partiel, inégalités salariales ; dans
les guerres où le viol est plus que jamais une méthode de domination.
Enfin la domination sociale s’accompagne d’une hégémonie
culturelle qui culpabilisent les dominés, les dressent les uns contre les unes
et contre les autres et les installent dans une servitude volontaire.
Moralité : il faut combattre le capitalisme et du même
pas toutes les dominations et toutes les aliénations d’où qu’elles viennent
sans en prioriser une. C’est le même combat.
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