vendredi 20 mai 2016

D’El Khomri à Baupin : le déni de la démocratie et de l’humain



Une chronique hebdomadaire doit s’inspirer de l’actualité pour tenter de lui donner du sens. Or cette semaine a été marqué par deux faits : la décision de F. Hollande et M. Valls, avec le 49.3  d’imposer la loi travail et la dénonciation des pratiques de harcèlement sexuel du député Baupin par des élues et des collaboratrices du parti écologiste. Fallait-il faire un choix ? J’ai préféré m’interroger sur les liens entre ces deux faits plus nombreux que ce que l’on croit.

La loi travail est l’expression d’une volonté d’aggraver la domination du capital sur le travail, l’exploitation des salariés par les patrons au sein d’un capitalisme  aveugle à toute autre considération que ses profits. Le sexisme, dans le monde politique comme ailleurs révèle lui aussi un rapport de domination, celui des femmes par les hommes au sein d’une société moins « évoluée » qu’on ne le dit.

Ces deux formes de domination s’exercent parce qu’elles s’appuient sur un double déni.

-Le déni de la démocratie : l’utilisation du 49.3 est un véritable coup d’état démocratique. Il est révélateur de la tentation totalitaire qui travaille un capitalisme incapable de faire partager sa vision inégalitaire du monde. Globalisé et financiarisé à l’extrême il tente d’effacer la politique et donc la démocratie au profit d’une gestion technocratique basée sur ses critères.

De même le sexisme prolifère sur la crise de notre République et le recul des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, le délitement du politique. Ce n’est pas un hasard si le harcèlement sexuel est apparu insupportable à des femmes militantes ou élues d’un parti censé défendre ces valeurs et si ces faits se déroulent au sein d’un parlement où siègent une majorité écrasante d’hommes, caricature d’une « représentation nationale » antidémocratique. Mais le sexisme s’exercent partout où les femmes subissent des rapports d’autorité, dans la famille comme dans le monde du travail.

-Le déni d’humanité : la loi de l’argent érigée en dogme,  la recherche effrénée, jusqu’à la guerre, du profit, l’exacerbation de la spéculation financière et de l’évasion fiscale, la prédation qu’exercent  productivisme et consumérisme aliènent profondément l’humain au capital, dans son être comme dans sa relation à la nature. Comme une sorte de double peine, les femmes qui forment la moitié de l’humanité sont aliénées au patriarcat. Au sein du couple, où la violence s’impose trop souvent ; dans le monde professionnel où les femmes subissent surexploitation, temps partiel, inégalités salariales ; dans les guerres où le viol est plus que jamais une méthode de domination.

Enfin la domination sociale s’accompagne d’une hégémonie culturelle qui culpabilisent les dominés, les dressent les uns contre les unes et contre les autres et les installent dans une servitude volontaire.

Moralité : il faut combattre le capitalisme et du même pas toutes les dominations et toutes les aliénations d’où qu’elles viennent sans en prioriser une. C’est le même combat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire