L’avenir de la gauche et sa définition même sont en débat. Ecartons
d’emblée E. Macron qui enfourche l’antienne éculée du rejet du clivage
droite/gauche au profit d’une vision « non politique, rationnelle et
efficace de la gouvernance ». Pas de chance pour lui, un sondage vient
nous apprendre que 2 français sur 3 considèrent que la lutte de classes est une
réalité vivante qui oppose les
détenteurs des biens et des privilèges à l’immense majorité rejetée dans la
précarité. Le dossier que Le Monde lui consacre « Peut-on encore sauver la
gauche ? » est quelque peu indigent. Il hésite entre une défense
maladroite du hollandisme, une réduction banale de la gauche au Ps et de
timides tentatives de redéfinition sans poser la question qui fâche : le
rapport au capitalisme. François Hollande a défini la gauche dans un discours
récent comme un équilibre précaire entre les exigences du capital et celle du
travail. Il vient d’aller plus loin : sa référence à Schroeder cache mal
désormais une autre, plus radicale, Thatcher, à qui il emprunte le fameux TINA (« There
Is No Alternative »). Il l’adresse à la gauche française en
prétendant qu’elle n’a d’autre alternative que de rallier son panache
libéral-autoritaire.
Eh bien non, la gauche ne peut se résoudre à cette
caricature. Elle doit, comme le préconise Pierre Laurent dans un long entretien
à l’Humanité se remettre debout et rassembler tous ceux qui ont refusé, hier,
la déchéance de nationalité et aujourd’hui la loi El Khomri. Mais pas seulement.
Il faut se remettre debout pour refonder son avenir. Car la gauche de demain ne
peut plus être celle d’hier qui se résumait au ralliement des « masses
populaires » à une union au sommet de partis politiques et au
programme/compromis qu’ils parvenaient péniblement à écrire ensemble sans
aucune garantie de son application.
Aujourd’hui la parole et l’intervention citoyenne qui
s’expriment dans les luttes, les grèves, les manifestations, les pétitions
comme dans les places de Nuit Debout, doivent faire irruption sur le terrain
politique. Pas à la place ou contre les partis politiques mais à leurs côtés, à
condition bien sûr qu’ils se ressourcent à l’aune de cette horizontalité
citoyenne.
La gauche de demain doit relever la tête et cesser tout
ralliement, honteux ou assumé, aux doctrines libérales comme à toutes les compromissions
populistes, autoritaires et sécuritaires.
Le sort de l’humanité est en jeu. C’est en fonction de cet
enjeu que la gauche doit se remettre debout autour de grandes valeurs
émancipatrices. Elle doit rejeter la loi du profit et toutes les dominations,
le tous contre tous, la compétition sauvage, les inégalités exacerbées et la
violence banalisée. Entre aliénation et émancipation elle doit clairement
choisir la seconde et construire dans l’égalité, la liberté et la fraternité,
un monde de la mise en commun et du partage raisonné des ressources naturelles,
du travail et des richesses produites, des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.
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