jeudi 26 mai 2016

La gauche debout !


L’avenir de la gauche et sa définition même sont en débat. Ecartons d’emblée E. Macron qui enfourche l’antienne éculée du rejet du clivage droite/gauche au profit d’une vision « non politique, rationnelle et efficace de la gouvernance ». Pas de chance pour lui, un sondage vient nous apprendre que 2 français sur 3 considèrent que la lutte de classes est une réalité  vivante qui oppose les détenteurs des biens et des privilèges à l’immense majorité rejetée dans la précarité. Le dossier que Le Monde  lui consacre  « Peut-on encore sauver la gauche ? » est quelque peu indigent. Il hésite entre une défense maladroite du hollandisme, une réduction banale de la gauche au Ps et de timides tentatives de redéfinition sans poser la question qui fâche : le rapport au capitalisme. François Hollande a défini la gauche dans un discours récent comme un équilibre précaire entre les exigences du capital et celle du travail. Il vient d’aller plus loin : sa référence à Schroeder cache mal désormais une autre, plus radicale, Thatcher, à qui il  emprunte le fameux TINA (« There Is No Alternative »). Il l’adresse à la gauche française en prétendant qu’elle n’a d’autre alternative que de rallier son panache libéral-autoritaire.

Eh bien non, la gauche ne peut se résoudre à cette caricature. Elle doit, comme le préconise Pierre Laurent dans un long entretien à l’Humanité se remettre debout et rassembler tous ceux qui ont refusé, hier, la déchéance de nationalité et aujourd’hui la loi El Khomri. Mais pas seulement. Il faut se remettre debout pour refonder son avenir. Car la gauche de demain ne peut plus être celle d’hier qui se résumait au ralliement des « masses populaires » à une union au sommet de partis politiques et au programme/compromis qu’ils parvenaient péniblement à écrire ensemble sans aucune garantie de son application.

Aujourd’hui la parole et l’intervention citoyenne qui s’expriment dans les luttes, les grèves, les manifestations, les pétitions comme dans les places de Nuit Debout, doivent faire irruption sur le terrain politique. Pas à la place ou contre les partis politiques mais à leurs côtés, à condition bien sûr qu’ils se ressourcent à l’aune de cette horizontalité citoyenne.

La gauche de demain doit relever la tête et cesser tout ralliement, honteux ou assumé, aux doctrines libérales comme à toutes les compromissions populistes, autoritaires et sécuritaires.

Le sort de l’humanité est en jeu. C’est en fonction de cet enjeu que la gauche doit se remettre debout autour de grandes valeurs émancipatrices. Elle doit rejeter la loi du profit et toutes les dominations, le tous contre tous, la compétition sauvage, les inégalités exacerbées et la violence banalisée. Entre aliénation et émancipation elle doit clairement choisir la seconde et construire dans l’égalité, la liberté et la fraternité, un monde de la mise en commun et du partage raisonné des ressources naturelles, du travail et des richesses produites, des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.

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