lundi 6 juin 2016

L'Europe au risque du populisme


Le lâche soulagement qui a suivi la défaite d’un  cheveu du candidat FPO en Autriche ne doit pas nous affranchir d’une analyse lucide des dangers que les droites populistes  font peser en Europe. La diversité de ces forces n’empêche pas qu’elles se rejoignent sur les mêmes thématiques d’extrême droite :

  • Leur rejet des élites libérales et sociales- libérales qui dominent l’UE se fait avec la volonté de leur substituer des pouvoirs autoritaires et antisociaux avec le retour à des valeurs régressives et obscurantistes.
  •  Leur refus de l’Europe est fondé, non sur la nocivité des politiques d’austérité, mais sur les nationalismes et la haine des autres cultivant les divisions qui ont nourri des guerres.
  • leur volonté d’exclure les migrants et les réfugiés et de leur fermer l’accès aux systèmes sociaux, est toujours fondé sur le racisme, même s'ils sont justifiés désormais par des motifs économiques et culturels.

Des observateurs affirment que « le cordon sanitaire a tenu » en Autriche. Je ne le crois pas. En premier lieu parce qu’ils  oublient que l’Autriche a failli être le troisième pays européen après la Hongrie et la Pologne où un parti populiste parvient au pouvoir. Dans un silence médiatique ces deux pays mettent en cause l’État de droit, les libertés fondamentales et ont un comportement odieux vis-à-vis des réfugiés. En second lieu parce qu’ils se rassurent à bon compte et me font irrésistiblement penser à la blague de l’individu qui sautent du vingtième étage d’un immeuble et qui déclare en passant devant chaque balcon,  «  jusque-là tout va bien ! ».

Faut-il alors estimer irrésistible la montée du national-populisme en Europe ? Non bien sûr mais, pour s’y opposer avec succès, je ne pense pas qu’il faille s’en remettre à des rassemblements sans autre contenu que le refus des droites extrêmes. Le seul moyen d’enrayer la progression populiste est d’en finir avec les orientations austéritaires que l’Europe impose à chaque état membre. C’est la raison pour laquelle dans la plupart d’entre eux les populistes ont réussi à se présenter comme la seule alternative au libéralisme. Le piège est clair : réduire le paysage politique à un affrontement entre libéraux et populistes. Comment le déjouer? Surement pas en ralliant les libéraux, encore moins en inventant un populisme de « gauche », mélange de nationalisme anti européen, d’étatisme et de laïcisme d’exclusion. La seule voie possible passe par le rassemblement des forces de gauches et écologistes  qui refusent ce duo mortifère et veulent refonder l’Europe. Il faut faire reculer les angoisses sociales et les peurs identitaires en affrontant  la domination des marchés financiers et les dogmes consanguins libéraux et populistes. Il faut surtout redonner espoir aux peuples européens en refondant une communauté de destin sur des bases démocratiques, sociales, écologiques et culturelles.

« Un autre monde est possible et il est nécessaire»(Ken Loach) 

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