Pendant que les divisions désespèrent le peuple de gauche le
spectacle offert par les droites françaises doit nous inquiéter. Les Estivales
lepénistes à Fréjus comme la primaire républicaine dessinent en effet un avenir
dramatique. Voilà désormais le FN installé durablement à un très haut niveau
électoral avec la quasi-certitude d’être qualifié pour le second tour de la
présidentielle et fortement représenté au parlement. Or son université d’été
confirme que son projet de société est plus que jamais nationaliste,
autoritaire et xénophobe. L’entreprise de dédiabolisation a porté ses
fruits : voter pour lui est devenu banal et des personnalités intellectuelles
et médiatiques n’hésitent plus à lui apporter caution idéologique, soutien
politique et expertise technique. Il est devenu le réceptacle des angoisses
identitaires, sécuritaires ou sociales. Face à la peur de l’autre, du
déclassement social et d’une mondialisation financière sans visage, l’absence
d’une alternative émancipatrice claire concoure au succès d’une idéologie liberticide
et ultra conservatrice, semant la haine et la division, prônant le repli et la
fermeture. Sous couvert de « patriotisme » Marine Le Pen est même parvenu
à donner un vernis social à une démarche qui reste foncièrement inégalitaire.
L’histoire a d’ailleurs montré que les populismes tels le nazisme ou le
fascisme, se sont réclamés du socialisme pour mieux servir de roue de secours
au capitalisme en crise. L’histoire bégaie car ils l’ont toujours fait en
opposant les travailleurs et les peuples entre eux, les livrant aux guerres,
aux dictatures et aux exploiteurs.
Le danger tient aussi au fait que la lepénisation des esprits
a largement gagné les rangs d’une droite que l’on avait pris l’habitude de
qualifier de républicaine et qui l’est de moins en moins. La plupart des
candidats à la primaire des « Républicains » tentent, comme Donald
Trump, de mêler un ultra libéralisme socialement et écologiquement prédateur à
un populisme identitaire et obscurantiste. La sortie calculée de Sarkozy sur
« nos ancêtres les gaulois » permet même à M. Le Pen d’apparaitre
moins extrémiste que lui. Mais ne nous y
trompons pas Fillon, Lemaire, Copé et
même Juppé tiennent sur les immigrés ou sur les réfugiés des propos à peine
plus lisses. Mais il y a consensus entre eux pour « dégraisser » le
nombre de fonctionnaire, allonger l’âge de départ à la retraite, privatiser les
services publics et tout accorder aux patrons du CAC 40 !
Les lepénistes comme cette droite radicalisée tentent d’entrainer
notre pays dans une dérive populiste dont, à gauche, on ne mesure pas assez le
danger. Soyons clair, le populisme ne peut en aucun cas être de gauche. Il est
fondamentalement de droite. Parce qu’il est l’idéologie de ceux qui veulent
conduire les peuples dans une servitude volontaire à l’égard d’un pouvoir fort
et qu’il prétend parler au nom du peuple tout en lui refusant le droit de se
construire lui-même un avenir émancipateur. Tout simplement parce qu’il est au
service des puissants.
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