« Quand vous devenez français vos ancêtres sont
gaulois ! » Nicolas Sarkozy persiste et signe : chaque immigrant
arrivé en France doit s’assimiler, abandonner son bagage culturel et adopter un
mode de vie conforme à ce qu’il appelle le « roman national ». Contre
toute vérité historique. Parce que le peuplement de ce pays est autrement plus
divers que son image d’Épinal. De l’Homo erectus puis sapiens venus d’Afrique
il y a des milliers d’années jusqu’aux grandes migrations de la révolution
industrielle originaires d’Europe
(Italie, Espagne, Pologne, Portugal), de nos ex-colonies d’Afrique et
d’extrême orient en passant par les grandes invasions romaines, nordiques (dont
les Francs) et Arabes auxquels s’ajoutent les Juifs fuyant l’inquisition
espagnole ou les pogroms de l’est européen, les mercenaires des armées royales
et des régiments coloniaux des grandes guerres et les ultra marins, sans
oublier la diversité des apports basque, occitan, corse ou alsacien….. Les historiens
nous montrent à quel point la population
française a fonctionné au mélange et au métissage, renouvelé non par
l’assimilation mais par l’enrichissement linguistique et culturel.
Le « roman national » a été fabriqué au 19è siècle
par la hiérarchie catholique qui fixe son point de départ dans le baptême de
Clovis et surtout par la 3è République qui, pour unifier le pays et arrimer les
colonies à la France, invente le mythe gaulois notamment à travers
l'instruction publique. Cette idéologie, réactivée par le FN, a toujours été un
instrument de domination culturelle et politique au service des classes
dominantes. Sarkozy nous la sert aujourd’hui pour mieux capter les peurs
identitaires et le rejet de l’autre dans le contexte sécuritaire et xénophobe.
Si la question identitaire doit être traitée, je ne pense pas
que c’est en allant sur le terrain de nos adversaires qu’il faut le faire. Nous
accréditons l’idée que le débat identitaire est le seul débat de la
présidentielle et nous légitimons les thèses nationalistes et xénophobes. Pour
autant, faut-il entrer dans ce débat en lui opposant un « récit
national » qui serait fondé sur la Révolution Française ?
Si celle-ci est fondatrice de notre histoire républicaine et
de ses valeurs, elle ne va pas jusqu’à
abolir l’esclavage et instaurer l’égalité femmes-hommes. De même, la République
qui suit, après avoir assassiné la Commune, est à l’origine de l’effroyable et
honteuse entreprise coloniale. On voit bien que ce n’est pas seulement dans le
miroir du passé que l’on peut définir une identité nationale de gauche et
surtout construire l’avenir. Il faut s’inscrire dans la continuité des grands
mouvements progressistes de notre histoire et rassembler les français en respectant leurs origines et leurs
mémoires. Mais il faut surtout fonder la
France de demain sur la capacité de son peuple à se doter d’un nouveau récit
émancipateur qui lui permette d’apporter des réponses dans tous les domaines à
la crise de sens qu’il connait.
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